Le vote. La réforme du "mariage pour tous" vient de franchir une nouvelle étape majeure. Le Sénat a adopté vendredi, par un vote à main levée, le projet de loi qui ouvre le mariage et l'adoption aux couples homosexuels. Le texte a été voté par tous les groupes de gauche, qui ont salué ce moment par une salve d'applaudissements et par quelques élus UMP et UDI, permettant ainsi à une majorité autour du projet d'émerger. Le vote ayant eu lieu à main levée, on ignore toutefois le détail des voix. "Il y a en chacun d'entre nous une émotion profonde qui emplit l'hémicycle lui-même. Et nous ressentons le climat qui nous enveloppe en ce moment. Vous avez renforcé le pacte républicain, nous reconnaissons simplement la pleine citoyenneté des couples homosexuels", s'est réjouie la garde des Sceaux Christiane Taubira à l'issue du vote.
Les débats. Une grande majorité de la droite a mené bataille contre le texte, parfois avec virulence, mais dans un climat moins tendu qu'à l'Assemblée, puisque 279 amendements avaient été déposés contre plus de 5.000 au Palais-Bourbon. Le premier article, le plus important, celui-là même qui ouvre le mariage et l'adoption aux couples de même sexe, a été voté "conforme", c'est-à-dire dans les mêmes termes qu'en février lors de la première lecture à l'Assemblée nationale. Comme elle l'avait fait à l'Assemblée, l'UMP a proposé en vain la mise en place d'un "pacte d'union civile", une sorte de pacte civil de solidarité (PACS, adopté en 1999) amélioré, comme alternative au mariage pour les couples homosexuels. "Vous ajoutez une rupture sociétale à une crise sociale, ne croyez pas que le vote de la loi n'effacera pas cette rupture", a déploré vendredi l'ancien Premier ministre UMP, Jean-Pierre Raffarin.
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Une seconde lecture plus tôt que prévue. Le projet de loi reviendra à l'Assemblée nationale dès mercredi prochain en seconde lecture, pour les articles votés dans des termes différents par les députés et les sénateurs. Le gouvernent l'a annoncé vendredi après-midi, alors que la seconde lecture était à l'origine prévue pour mai. Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a aussitôt qualifié de "sage et légitime" cette "décision de procéder à la deuxième lecture sans tarder", car il est de "la responsabilité du gouvernement de faire respecter la délibération parlementaire et de protéger l'ordre public". Cette nouvelle discussion à l'Assemblée ne concernera pas l'article 1er du texte, le plus important, qui ouvre le mariage et l'adoption aux couples de même sexe, et qui a été adopté dans les mêmes termes par les deux chambres du Parlement.
Les "antis" restent mobilisés. Si, lors de cette nouvelle lecture, les articles restant en discussion sont votés par l'Assemblée dans la version du Sénat, le projet de loi sera définitivement adopté par le Parlement. Dans le cas contraire, le texte repartira une nouvelle fois au Sénat. Si le texte est adopté mercredi prochain, l'opposition a toutefois d'ores et déjà annoncé qu'elle déposerait un recours auprès du Conseil constitutionnel. La porte parole de la Manif pour tous, Frigide Barjot, a quant à elle déclaré sur BFMTV que son mouvement anti-mariage homosexuel continuerait à faire pression sur le Parlement et qu'il envisage de déposer des listes aux élections municipales de 2014, ou de soutenir activement les candidats opposés au texte. Elle appelle par ailleurs à une nouvelle manifestation, le 26 mai.