C'est une véritable boîte de Pandore qu'a rouverte Nicolas Sarkozy. En se prononçant, samedi, pour "l'abrogation" de la loi Taubira ouvrant le mariage aux couples de même sexe, l'ancien président a réveillé les passions qui avaient marqué le débat sur ce texte. Et s'est attiré une foule de critiques, à gauche mais aussi dans son propre camp.
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"Pas ma conception de la politique". Invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/i>Télé, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a raillé la façon dont Nicolas Sarkozy a changé son fusil d'épaule, samedi, devant les militants de Sens commun, un collectif issu de la Manif pour tous. "Si je comprends bien, il est dans une salle, il prononce une phrase, la foule présente dans la salle dit autre chose et lui finit par dire comme la foule. Ce n'est pas du tout ma conception de la politique", a taclé Bernard Cazeneuve.
"C'était un peu deux mariages et un enterrement pour Nicolas Sarkozy", s'est amusé le ministre, en référence aux propos de l'ex-président : "je veux un mariage pour les homosexuels, un mariage pour les hétérosexuels, qui tiennent compte justement de la différence, parce que ce n'est pas la même chose".
Un "coming out homophobe". Le Parti socialiste a accusé l'ancien chef de l'Etat de "flatter les instincts les plus réactionnaires de sa base militante" et de proposer "une nouvelle forme de ségrégation" avec un mariage distinct pour homosexuels et hétérosexuels. Quant au secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, il a dénoncé le "coming out homophobe" de Nicolas Sarkozy.
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L'abrogation est impossible, selon Fillon et Pécresse. Mais la déclaration choc de l'ex-président lui a surtout attiré des critiques dans son propre camp. "L'abrogation, elle n'est pas humainement réaliste", a jugé sur i>Télé Valérie Pécresse (photo), qui soutient pourtant Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP. En revanche, la députée des Yvelines milite pour "réécrire la loi" sur les questions de filiation et "mettre des écrous très forts sur la GPA et sur la PMA".
François Fillon s'est lui aussi démarqué de son rival. "J'ai toujours dit : si ce texte est voté, il ne pourra pas être abrogé, pour des raisons qui sont juridiques", a-t-il estimé sur BFMTV, rappelant qu'il avait voté contre le mariage homosexuel en 2013.
Le plus remonté à droite est certainement Hervé Mariton, concurrent de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP, et très en pointe dans la lutte contre la loi Taubira. "C'est une manœuvre électorale pour me siphonner des voix", a persiflé le député de la Drôme.
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Hollande veut "l'apaisement". En déplacement en Australie, François Hollande a cherché à se poser au-dessus de la polémique. Interrogé sur le sujet, dimanche, le président de la République a refusé de "commenter les campagnes internes à un parti politique", plaidant pour "l'apaisement" et le "consensus". Pas sûr qu'il soit entendu.
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