Il n’y a pas que les supporters de Samia Ghali qui ont laissé éclater leur joie dimanche à l’annonce des résultats du premier tour de la primaire socialiste à Marseille. A droite aussi, on s’est discrètement frotté les mains quand la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône est arrivé en tête avec plus de 25% des voix, provoquant l’élimination de la ministre Marie-Arlette Carlotti, troisième derrière Patrick Menucci. C’est que dans le camp de Jean-Claude Gaudin, maire de la cité phocéenne depuis 1995 et probable candidat à sa réélection, Samia Ghali est perçue comme la moins dangereuse des candidats socialistes potentiels.
Marseille "pas prête" à élire une "femme d’origine Maghrébine". C’est ce qui se susurre discrètement dans les couloirs de la mairie centrale de Marseille. "Marseille n'est pas prête à élire une femme d'origine maghrébine", juge-t-on dans l'entourage du maire UMP, cité par Le Monde. Ce "handicap", certains socialistes le pointent également. "Est-ce qu’on est capable à Marseille aujourd’hui d’avoir un maire femme. Et en plus, vous savez très bien, je n’ai pas de langue de bois, d’origine maghrébine. Je pense qu’à Marseille, on n’est pas prêts", tranche ainsi Kamel, militant socialiste, interrogé par Europe 1. "Je pense qu’il y a une stratégie de la droite qui envoie des gardes de chez eux pour aller voter et envoyer face à M. Gaudin qui serait peut-être moins fort."
Les affiches de Ghali protégées par la droite. A droite, si on reste prudent face à l’ascension parfois fulgurante de la "petite Samia", comme l’appelle Jean-Claude Gaudin, on a clairement choisi son camp. Le Canard Enchaîné du 2 octobre raconte ainsi que dans les 4e et 5e arrondissements de Marseille, où se présentera, malgré sa défaite à la primaire, Marie-Arlette Carlotti lors des municipales, les militants UMP ont été chargés de recouvrir, comme de coutume, les affiches de la ministre des Personnes âgées. Mais pas celles de Samia Ghali.
Le soutien gênant de Guérini. Samia Ghali cumule un autre avantage pour la droite : sa proximité avec Jean-Noël Guérini, le très sulfureux président – toujours socialiste - du Conseil général des Bouches-du-Rhône. L’ancien maire du 2e secteur de Marseille a en effet longtemps accompagné, et même promu la carrière politique de l’enfant des quartiers Nord. En coulisses d’ailleurs, le multi-mis en examen active ses réseaux pour favoriser sa protégée, racontait le Canard Enchaîné. En retour, Samia Ghali est l’une des très rares à ne pas réclamer son exclusion du Parti socialiste. A terme, cette proximité risque bien de se transformer en retour de bâton pour la sénatrice socialiste. Car peu de personnalités irritent les Marseillais comme Jean-Noël Guérini, devenu le symbole de toutes les dérives. Et cela, la droite le sait parfaitement.
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