La bataille de Marseille s’annonce comme l’une des plus indécises, et donc l’une des plus suivies, des élections municipales des 23 et 30 mars prochains. Face à face, l’UMP Jean-Claude Gaudin, en place depuis 1995 et le socialiste Patrick Mennucci, député et maire du 1er secteur de la cité phocéenne. Et pour les Marseillais, trois thèmes principaux affleurent : la sécurité d’abord, Marseille étant le théâtre depuis plusieurs années de règlement de comptes sanglants ; la propreté ensuite, qui n’est pas le point fort de la deuxième ville de France ; l’économie enfin, car les Marseillais, comme les Français, se sentent étranglés par l’impôt. Europe1.fr s’est penché sur le programme des deux candidats sur ces points précis.
>>> SECURITE
La sécurité, c’est le point principal, celui qui fait la mauvaise réputation de Marseille. Depuis le début d'années, quatre hommes ont été abattus par balle dans la cité phocéenne. La ville a connu 17 morts violentes en 2013. Et c’est le point sur lequel, finalement, les deux candidats se rapprochent le plus, à en croire leurs propositions en la matière.
Police municipale : de nombreux points de convergence. Ainsi, les deux candidats fixent le même objectif de 600 policiers municipaux, contre moins de 350 aujourd’hui. Patrick Mennucci se donne trois ans pour y parvenir, alors que Jean-Claude Gaudin parle d’un "objectif-cible". Les deux hommes proposent de réorganiser la police municipale en la déployant en fonction des huit secteurs de la ville.
Sur la police municipale toujours, les divergences existent, mais sont ténues. Ainsi, Patrick Mennucci propose qu’elle soit opérante jusqu’à 23 heures, quand Jean-Claude Gaudin prône des brigades de nuit et donc une police opérationnelle 24 heures sur 24. Par ailleurs, les deux candidats souhaitent armer les effectifs : "après formation", pour le socialiste, "adapté aux missions" pour son adversaire de l’UMP.
La vidéosurveillance devient "vidéo-protection". Là encore, les programmes se rejoignent. Patrick Mennucci comme Jean-Claude Gaudin prônent le renforcement de la vidéosurveillance, qu’ils rebaptisent tous deux "vidéo-protection". Pour le candidat socialiste, l’objectif est défini en termes géographiques, puisque le maire du 1er secteur veut cibler les "zones criminogènes" et celles proches d’établissement scolaires. Pour le maire sortant, l’objectif est numérique : 1.000 caméras en 2015 et 2.000 et 2017.
Des divergences quand même. Les programmes ne se ressemblent heureusement pas totalement. Ainsi, alors que celui de Patrick Mennucci met l’accent sur la prévention en voulant "saturer" l’espace public d’interventions, alors que Jean-Claude Gaudin n’en pipe mot. Le candidat socialiste est aussi le seul à proposer d’installer une maison de la justice et du droit par secteur. Du côté du candidat UMP, la seule proposition originale consiste à mettre en place une police montée dans certains espaces naturels.
>>> PROPRETE
C’est depuis de nombreuses années l’un des points noirs de la cité phocéenne. Marseille souffre de sa saleté. Le grand responsable, c’est le système du "fini-parti". Instauré par l’ancien maire Gaston Deferre, ce système permet aux éboueurs de quitter leur service sitôt leur tournée de ramassage terminée. Du coup, les agents sont parfois accusés de bâcler le travail et les camions poubelle sont désormais réputés pour rouler trop vite. Et gare à ceux qui veulent y toucher. Les grèves des éboueurs marseillais, comme en 2010, sont souvent retentissantes. Et ne participent pas à la bonne réputation de la ville.
Gaudin veut le réformer… "Le système de travail du fini-parti sera encadré, contractualisé et contrôle dans le cadre d’une Charte de qualité de la propreté urbaine", annonce Jean-Claude Gaudin dans son programme. Le maire sortant propose par ailleurs la mise en place dans toute la ville de containers semi-enterrés, et de dispositifs tels que "Allo mairie propreté" ou "Propreté coup de poing". Le sénateur propose enfin de renforcer les sanction pour les déposes sauvages, via la vidéo verbalisation.
…Mennucci le supprimer. Concernant le fini-parti, Patrick Mennucci est plus radical, puisqu’il propose purement et simplement de l’abolir. Le candidat PS souhaite que la propreté de Marseille soit à nouveau dans les prérogatives de la Ville, puisque depuis 2008, c’est la Marseille Provence Métropole, gérée par le socialiste Eugène Caselli, qui en a la charge. Il s’agit aussi pour Patrick Mennucci de mettre fin à la trop grande place prise par Force Ouvrière dans ce dispositif, mais aussi dans d’autres. Le syndicat, qui remporte systématiquement plus de 50% des voix aux élections professionnelles, et peut s’enorgueillir de 6.500 agents encartés FO à la Ville, est théoriquement chargé du contrôle de l’efficacité du "fini-parti". Force est de constater que ce contrôle est défaillant.
Et quand, sur "Moi, Maire", Patrick Mennucci affirme vouloir mettre fin à la "cogestion" de la ville avec FO, il a forcément le problème de propreté en tête.
>>> ECONOMIE
C’est une préoccupation que les Marseillais partagent avec bon nombre de Français : le poids de l’impôt. Alors forcément, les propositions en la matière seront scrutées à la loupe. Et évidemment, les deux candidats promettent de ne pas pressuriser plus avant les Marseillais.
Pas d’augmentation d’impôts pour Gaudin. Le maire sortant est catégorique. S’il est réélu, sa gestion se fera sans augmentation des taux d’impôts locaux. Il lui faudra changer de méthode, puisque entre 2009 et 2012, selon Le Monde, la taxe d’habitation a bondi de 25,8% et la taxe foncière de 12,8%. Pour parvenir à son objectif, Jean-Claude Gaudin promet que la masse salariale de l’administration municipale "n’augmentera pas en euros constant". Il assure par ailleurs que les économies de gestion seront poursuivies. Le sénateur-maire compte aussi s’appuyer sur les partenariats public-privé et la renégociation des contrats de développement avec d’autres collectivités locales. Le tout pour poursuivre une "gestion municipale qui, pour l’heure, est exemplaire", écrit-il dans son programme.
Une "gestion rigoureuse" pour Mennucci. Ce n’est évidemment pas l’avis de son adversaire socialiste. "Les finances de Marseille sont exsangues", dénonce-t-il dans son programme. "Face à cette situation, la gestion des deniers publics durant les six prochaines années se doit d’être rigoureuse", écrit encore Patrick Mennucci. Pour autant, le candidat PS se garde de promettre une stabilisation fiscale. "Il est obligatoire de ménager une respiration fiscale indispensable en limitant au plus près de l’inflation les variations de recettes fiscales après une mandature de sévère dégradation du pouvoir d’achat des Marseillais", promet-il tout de même, dans une formulation qui reste floue.
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