Le rendez-vous. Certaines tables rondes sont plus symboliques que d'autres, à l'instar de celle qui s'est tenue à la préfecture de Marseille samedi. Des élus locaux de droite et de gauche s'y sont rassemblés pendant trois heures (contre deux prévues initialement) en quête d'un Graal qui semble aussi inatteignable que l'original : la sécurité dans la cité phocéenne. À l'issue de la réunion, des renforts de police, aussi bien nationale que municipale, ont ainsi été annoncés en grande pompe. Et tous se sont engagés à lutter contre la délinquance. Le "pacte national", réclamé par Manuel Valls contre le trafic de drogue, est-il en voix d'être scellé ? Rien n'est moins sûr. Compte rendu.
Une série noire pour unir les couleurs politiques. Deux jours après le 15e règlement de comptes mortel de 2013 à Marseille et sa proche région, cette table avait pour ambitieux thème "la sécurité traitée dans une approche globale comprenant l'éducation, la santé, l'emploi, l'habitat et le volet social", selon les termes de la préfecture. Une réunion d'urgence qui doit son existence à la journée particulièrement macabre de jeudi, où deux hommes ont été abattus, (dont le fils du directeur sportif de l'OM José Anigo), à Marseille et La Ciotat.
Des renforts annoncés. Tous les parlementaires et principaux élus de Marseille (16 en tout) avaient été conviés. "On est ensemble, pour proposer des choses concrètes et efficaces. On a certes des divergences, mais sur cette question, ne peut-on pas s'entendre ?", s'est ainsi interrogé la ministre Marie-Arlette Carlotti, candidate à la primaire PS pour les municipales. Et les débats semblent (un peu) avoir porté leur fruit, avec l'annonce par Michel Cadot, préfet des Bouches-du-Rhône, de la mise en place sous trois mois d'un "pacte de sécurité et de cohésion sociale", avec également des créations d'effectifs de police nationale d'ici à la fin de l'année à la clé. "Nous sommes dans l'idée d'améliorer les choses tous ensemble, hors contexte politique", s'est même félicité Jean-Claude Gaudin, à l'issue de la rencontre. Le maire de Marseille s'est dit prêt à "faire des efforts" si l'Etat en fait aussi, rappelant qu'il prévoit le recrutement prochain de 100 policiers municipaux.
"Ce n'est pas un bon signal que nous donnons"
Une unité fragile. Mais outre l'annonce, non chiffrée, de création d'effectifs, peu de propositions concrètes sont sorties de la réunion. Et si tous ont accepté de se rencontrer, c'est la prudence, voire la méfiance, qui régnait samedi autour de la table ronde. "Je ne veux pas être otage de cette photo de famille, je veux du concret", a ainsi prévenu la députée UMP Valérie Boyer. "On attend des actes, des réponses concrètes, par exemple en matière d'éducation. On en a marre des belles paroles", a renchéri la sénatrice-maire de secteur (PS), Samia Ghali. Selon le journal La Provence, une passe d'armes a même eu lieu entre la Marie-Arlette Carlotti et Jean-Claude Gaudin, la première reprochant au second de ne pas en faire assez pour l'emploi des jeunes. Ce à quoi le maire aurait répondu : "C'est déjà assez, nous n'en ferons pas plus !"
Guérini, l'homme de la discorde ? Outre les divergences de fonds, un homme a cristallisé les critiques : Jean-Noël Guérini, le président PS du Conseil général des Bouches-du-Rhône. "Nous sommes dans une réunion qui a pour objectif de lutter contre le grand banditisme et le trafic de drogue, et je viens de m'apercevoir que dans cette réunion figure une personnalité mise en examen pour 'association de malfaiteurs' et, d'après le rapport du juge, 'système mafieux'", a ainsi dénoncé le député socialiste Patrick Mennucci. "Ce n'est pas un bon signal que nous donnons", a-t-il ajouté. Selon La Provence, Marie-Arlette Carlotti a même voulu boycotter le point presse d'après rencontre, pour contester la présence du président du Département, avant de finalement se raviser.