La déclaration. "Un pacte national à Marseille ? Pourquoi pas", a répondu dimanche François Fillon lors du Grand rendez-vous, interrogé sur l'appel de Manuel Valls à unir les forces de droite et de gauche contre le trafic de drogue dans la cité phocéenne, et au lendemain d'une table ronde entre tous les élus locaux sur le sujet. "C'est toujours mieux que désigner uniquement le maire de Marseille", reconnait l'ancien Premier ministre. Pour autant, le député UMP de Paris ne s'estime pas dupe. "Tout ça, c'est de la communication. C'est comme lorsqu'il y a eu un crime crapuleux à Marseille l'an dernier, tout le gouvernement s'est déplacé. Quel signal!", a-t-il raillé, se moquant au passage de la méthode de l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy : "je pense que cette méthode est mauvaise. On attend des responsables politiques qu'ils prennent des décisions, pas qu'ils se montrent à la télévision."
Mea culpa sur la compétitivité. Et François Fillon ne prend pas ses distances qu'avec l'hyper-réactivité sur les faits-divers, marque de fabrique de Nicolas Sarkozy. Durant le quinquennat précédent, les deux hommes ont eu plus d'une divergence de vues. "On en a pas fait assez en matière de compétitivité", a également souligné dimanche l'ancien Premier ministre. "Il faut rompre avec la politique que l'on a conduit pendant cinq ans, et avec la politique du gouvernement actuel. En 2007, personne n'avait conscience de la gravité de la crise, qu'un État pouvait être mis en situation de faillite", a-t-il développé. "Il y avait, entre Nicolas Sarkozy et moi, une appréciation différente sur ce sujet", a-t-il poursuivi.
Le plus loyal des Premier ministres. Pourtant, s'il reconnait quelques "différences d'appréciation" et quelques "erreurs" commises au côté de Nicolas Sarkozy, l'ex-locataire ne Matigon assume son travail passé. "J'ai été pendant cinq ans un Premier ministre loyal de Nicolas Sarkozy, probablement le plus loyal de la Ve République", n'hésite-t-il pas à déclarer. Et gare à ceux qui, aujourd'hui, essaieraient d'imiter l'ex-chef de l’État. "M. Valls a un modèle, c'est Sarkozy. Sauf que pour pouvoir faire du Sarkozy, il faut avoir son talent, sa compétence", a raillé dimanche François Fillon. Et le député UMP de Paris n'est d'ailleurs pas tendre avec la politique de l'actuel ministre de l'Intérieur. "M. Valls affaiblit l'autorité de l’État. Cet agitation tous azimuts qui ne se traduit par aucune décision, c'est tout à fait contre-productif", a-t-il renchéri.
Et quand à Marseille, pour finir, François Fillon ne donne pas cher du fameux "pacte". "Le Pacte national suppose que l'on écoute les arguments de l'opposition. Déclarer la guerre à la drogue en ouvrant des salles de shoot, c'est pas le meilleur signal. Lutter contre la récidive en supprimant les peines planchers, ce n'est pas le meilleurs signal."
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