ZOOM - Le rachat de La Provence par l'homme d'affaires est perçu comme un pas dans la course à la mairie.
L'info. Il revient, cette fois dans le rôle de l'homme d'affaires. Bernard Tapie, allié à la famille Hersant, va mettre la main sur les titres restants du Groupe Hersant Médias (GHM), dont La Provence et Nice Matin, son offre ayant été retenue par les banques créancières du groupe. Mais beaucoup voient dans ce rachat une stratégie pour briguer la mairie de la ville. Les déclarations de l'homme d'affaires ne rassurent pas les journalistes. Et la classe politique locale se prépare déjà à la bataille. On vous explique tout.
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Une rumeur de longue date. Dès octobre, la rumeur enflait et se faisait plus précise. S'il avait alors tenu à démentir ce retour auprès d'Europe 1, ses proches étaient unanimes : Bernard Tapie en a envie, et en parle régulièrement autour de lui. Il estime que la situation est propice, avec un Jean-Claude Gaudin qui, selon lui, n’a pas préparé sa succession et une gauche locale morcelée. Son idée : une candidature de coalition, extérieur au jeu partisan, pour ceux qui voudraient le changement à Marseille.
En se lançant dans ce rachat, Bernard Tapie fait aujourd'hui une promesse : "je me suis engagé (…) à ne pas postuler à quelque mandat électoral que ce soit", écrit-il dans une lettre envoyée au conciliateur Christophe Thévenot et publiée par Libération. Mais un détail titille ses détracteurs : Bernard Tapie prend soin dans sa lettre de préciser que s'il se décidait finalement à se lancer dans une campagne électorale, il s'engage à céder ses titres et à verser l'argent récolté à une association caritative.
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Bientôt "l'Italie berlusconiste" à Marseille
Pas le bienvenu pour la gauche. "On n'a pas besoin de Bernard Tapie", a lancé jeudi sur Europe 1 le député PS de Marseille Patrick Mennucci. "Si Bernard Tapie est candidat, on fera en sorte de lui barrer la route. Ce n'est pas bien qu'un homme comme lui devienne maire de Marseille", a jugé le député. "C'est une homme d'affaires, laissons le là ou il est. Que Tapie rachète La Provence n'en fait pas de lui un candidat à la mairie de Marseille", estime de son côté Samia Ghali, sénatrice-maire socialiste du 15 arrondissement de la cité phocéenne. "Les Marseillais sont en souffrance. Marseille a besoin d'un vrai projet, pour tirer la ville vers le haut, pas pour un individu", enchaîne-t-elle au micro d'Europe1. Les Verts ont eux estimé, par la voix de leur porte-parole régional Sébastien Barles, que Marseille n'avait pas besoin "d'un multirécidiviste." "Cette nouvelle nous rapproche un peu plus de l'Italie berlusconiste où affairisme, contrôle de la presse, ambition personnelle et argent-roi se mélangent", assène-t-il.
La droite prête au combat? "Tapie, c’est le Phénix qui renaît toujours de ses cendres. Si le Phénix sauve ce bateau à la dérive qu’est La Provence, tant mieux", avance Yves Moraine, patron de l'UMP à Marseille, au micro d'Europe1. "Quant à la vie politique, si Bernard Tapie venait à changer une énième fois d’avis, pour revenir dans la vie politique, Jean-Claude Gaudin l’a déjà battu aux élections régionales de 1992. Nous nous réunirions une nouvelle fois pour le battre", prévient-il. Pour le maire UMP, Jean-Claude Gaudin, c'est une "bonne chose" pour "la liberté de la presse". Quant aux ambitions électorales, "vous savez, en politique, quand on dit 'jamais', ça veut dire 'pas pour l'instant', alors je m'attends à tout", a simplement ajouté l'élu, qui ne s'est pas encore prononcé sur sa candidature à un quatrième mandat.