Guy Delcourt lance un site où il critique l’organisation des primaires à gauche.
Guy Delcourt, le député-maire socialiste de Lens, remet en cause l’absence de listes préétablies de votants aux primaires du PS, qui se tiendront les 9 et 16 octobre. Il invite à signer sur son site Non aux primaires, lancé le 29 mars, une pétition pour soutenir sa démarche.
Europe1.fr : Les dépôts de candidature des candidats ont lieu en juin, n’est-il pas trop tard pour lancer votre appel ? Pensez-vous être entendu ?
Guy Delcourt : "Il n’est pas trop tard, le vote a lieu en octobre Ca fait 6 mois que je tente d’alerter Martine Aubry, elle ne m’a pas entendu. J’ai attendu les cantonales pour rendre mon appel public en lançant mon site. Ces élections ont été marquées par une forte abstention. Pourquoi alors les Français se déplaceraient-ils aux primaires socialistes pour un vote interne à un parti ? On a évoqué la possibilité d’avoir entre 2 et 12 millions de votants, quelle déception si nous en avions 500 000 ou 600 000 ! Je suis convaincu que nous devons remporter cette élection, si nous ne faisons pas de faute".
Europe1.fr : Que demandez-vous sur le site que vous venez de lancer ?
Guy Delcourt: "J’oserais dire que c’est très simple. Je demande des primaires organisées et préparées à l’avance. Je ne remets pas en cause le fait que les primaires soient ouvertes au plus large nombre de votants possible. Mais il faut mettre en place une préinscription par internet, pour qu’une liste avec les noms de l’ensemble des votants soit établie. Il ne faut pas qu’on ait un vote à la bonne franquette les 9 et 16 octobre : dans l’organisation qui est prévue, il suffirait de se présenter au bureau de vote, de se dire sympathisant de gauche et de payer un euro pour voter. Or, dans ces conditions, par exemple, le FN, dont les militants sont très bien organisés, peut envoyer ses militants à nos primaires avec pour consigne de voter pour le candidat qui est le moins dangereux pour Marine Le Pen".
Europe1.fr : Mais le fait que les votants se soient inscrits à l’avance n’empêchera pas forcément ce scénario…
Guy Delcourt : "Même si une liste préalable est établie, le risque existe, mais il est moindre. Etablir une liste des votants permettra plus facilement de repérer, le jour du vote, s’il y a des personnes qui se présentent avec des noms bidon, puisqu’il y aura un contrôle de leur carte d’identité. Ca permettra d’identifier un faux sympathisant."
Europe1.fr : Cette liste préalable a-t-elle d’autres avantages ?
Guy Delcourt : "Elle évitera les querelles internes au PS car, au moins, on ne dira pas qu’il y a eu falsification des listes ou du bourrage d’urnes. Comment voulez-vous que des contrôles aient lieu sans listes organisées d’électeurs dans des fédérations qui sont habituées au bourrage d’urnes ? Dans les Bouches-du-Rhône par exemple, personne n’oserait contester quelqu’un envoyé dans ce but par le premier secrétaire de la fédération (ndlr : Jean-Noël Guérini est accusé par Arnaud Montebourg notamment de « trucage des scrutins » dans sa fédération). Je ne veux pas revivre une situation similaire au congrès de Reims (ndlr : à la suite duquel Martine Aubry avait été élue première secrétaire du PS avec une centaine de voix d’avance sur Ségolène Royal, entraînant une polémique au PS sur la légalité du résultat du vote au regard du faible écart de voix). Je suis convaincu que nous devons remporter cette élection, si nous ne faisons pas de faute".
Europe1.fr : Vous êtres également en désaccord avec le fait qu’il faille s’acquitter d’un euro pour prendre part au vote ?
Guy Delcourt : "Il n’y a pas de garantie sur le fait que faire payer un euro à chaque participant aux primaires soit légal. Cette somme pourrait être comptabilisée par la justice dans les comptes de campagne, en étant considéré comme un don. Le PS devrait alors verser un récépissé chaque votant s’il se considère comme un donateur. Cela nous fera beaucoup de coûts supplémentaires d’envoyer des récépissés à tout ceux qui en demandent !"
Europe1.fr : Vous voulez également « éviter le désastre de 2007 ». Qu’entendez-vous par là ?
Guy Delcourt : "Le fait d’ouvrir le vote à toute personne, sans contrôle, pourrait favoriser Ségolène Royal. Or,en 2007, elle s’est comportée de façon ambigüe en oscillant entre Désirs d’Avenir et le PS. Les électeurs se sont laissés embarquer par son côté sympa. Il fallait un candidat télévisuel face à Sarkozy, on a bien vu qu’elle ne faisait pas le poids".
Europe1.fr : Pour autant, vous confirmez que vous n’avez toujours pas décidé pour qui vous voteriez aux primaires ?
Guy Delcourt : "Oui, je n’ai pas encore pris cette décision".