Martine Aubry est revenue mardi matin sur Europe 1 sur son projet économique pour résoudre la crise de la dette et relancer la croissance française. La candidate à la primaire socialiste a étayé les propositions faites dimanche dans le JDD et dénoncé au passage les critiques de Valérie Pécresse, la ministre du Budget qui avait parlé "d'imposture" à son encontre. "C'est vraiment très inquiétant pour la démocratie. La France va mal, nous sommes une opposition sérieuse et je mets trois propositions sur la table" tout de suite, a commenté l'ancienne Première secrétaire du PS. Martine Aubry a par ailleurs précisé qu'elle était prête à se rendre "en délégation" à l'Elysée si Nicolas Sarkozy en manifestait le souhait. "Si un d'entre nous était invité par le président - ce que ferait toute démocratie dans une crise comme celle-là - nous irons groupés et vous verrez que les socialistes ont une voix aujourd'hui qui devrait être plus entendue".
Réduire les niches fiscales. Martine Aubry a dit vouloir "réduire de 10 milliards d'euros les niches fiscales" tout de suite. Elle souhaite taper, à plus long terme dans les niches "qui n'ont rien apporté à l'économie française et qui sont très injustes". Cela passe par la suppression de "la niche Copé qui est une défiscalisation sur les plus-values de ventes des filiales des entreprises" et "la réforme de l'ISF, un milliard d'euros pour la France". "Tout cela va dans le sens du FMI", a pointé la candidate socialiste sur Europe 1.
Relancer l'investissement. L'ancienne Première secrétaire a proposé de "faire tout de suite" la réforme de l'impôt sur les sociétés pour le réduire à 20% pour ceux qui réinvestissent en emplois, en équipements, en recherche dans l'entreprise, par rapport à ceux qui donnent tous les profits aux dividendes. Ça ne coûte rien", a-t-elle précisé. La candidate souhaite également "aider les PME qui ont tant de problèmes aujourd'hui". "C'est la Cour des comptes qui le dit : notre déficit est dû pour les deux tiers à la politique de Nicolas Sarkozy, qui préfère donner des avantages aux entreprises du CAC 40 qui paient 8% d'impôts sur les sociétés en moyenne, alors que les PME paient 33%. Est-ce normal ?", s'est interrogée la maire de Lille, qui a précisé qu'elle ne toucherait pas à la CSG et à la TVA.
Supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires. "Elle coûte 4,5 milliards d'euros", a lancé Martine Aubry, Et l'Insee dit que ça a empêché l'embauche de 60.000 chômeurs". La candidate socialiste a dit souhaiter "réaliser un programme pour 300.000 emplois d'avenir pour les jeunes, parce que c'est une priorité". "Quand on ne réduit pas le déficit, ce sont nos enfants" qui en paient les conséquences, dresse Martine Aubry.
Faire une "grande réforme fiscale". "Aujourd'hui, nous le savons, la progressivité n'existe pas et les petites entreprises payent plus que les grosses, ne parlons pas de la réglementation sur le patrimoine, sur la défiscalisation des propriétaires de logement alors qu'on aurait besoin de construire du logement social", a estimé Martine Aubry, qui envisage aussi de revenir à la retraite à 60 ans.
"Construire un autre modèle économique, social et durable". A plus long terme, Martine Aubry a l'intention de placer le développement durable dans son programme. "Il ne faut pas, parce que la crise est là, oublier ce qu'il se passe sur l'environnement et la nature. "Nous demandons à supprimer des dépenses fiscales qui sont injustes socialement et inefficaces économiquement, ce qu'on répète depuis quatre ans. Donc effectivement, on augmentera les impôts de ceux qui aujourd'hui ont eu des cadeaux sans contrepartie". "Ce système nous a amené dans le mur, alors changeons de système", a conclu Martine Aubry.