Matignon renvoie la balle à Woerth

Eric Woerth renvoie le dossier de l'hippodrome à Matignon. © Reuters
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Selon Matignon, la vente de l'hippodrome de Compiègne a été décidée par plusieurs ministères.

Eric Woerth se dédouane dans l’affaire de l’hippodrome de Compiègne mais est contredit dans la foulée par Matignon. Dans une interview au Figaro parue mercredi, l’ancien ministre du Travail estime qu’il n’a rien à se reprocher dans la vente par l'Etat de ce domaine situé dans l’Oise, à la Société des courses locale. "Ce point a été traité en interne par les administrations et, évidemment, pas par moi. Ce dossier m'a occupé six minutes, peut-être sept", assure-t-il.

Autrement dit, celui qui était à l’époque ministre du Budget renvoie l’affaire aux services du Premier ministre. "Le 12 mars 2010, c'est Matignon qui a tranché lors d'une réunion interministérielle informelle. Y assistaient les représentants de Bercy et de l'Agriculture. Le cabinet du Premier ministre a arbitré dans le sens de France Domaine (organisme chargé de la vente des biens de l'Etat, ndlr)", détaille-t-il.

Après ces déclarations, Matignon a précisé qu'il y avait bien eu une réunion informelle à Matignon "au niveau des conseillers, à la demande du ministère de l'Agriculture". Mais que "lors de cette réunion, les deux ministères de l'Agriculture (en charge des forêts) et du Budget (administration des domaines) sont tombés d'accord sur la procédure de vente".

Une vente "pas possible"

En juillet, Le Canard Enchaîné accusait Eric Woerth, maire de Chantilly, d'avoir bradé en mars 2010 pour 2,5 millions d'euros une parcelle de la forêt de Compiègne comportant un golf et un hippodrome, lorsqu’il était ministre du Budget.

Une version rapidement contestée par le principal intéressé. Même si, au mois d’août, le journal satirique publiait une lettre signée de l'ancien ministre de l'Agriculture. Dans ce courrier datant de 2003, Hervé Gaymard expliquait refuser la vente de l'hippodrome, estimant qu'elle n'était "pas possible" d’un point de vue légal.

"Heureusement, on peut prendre des décisions différentes à six ans d'intervalle !", se défend aujourd'hui Eric Woerth. "Enfin pour mémoire, en 2010, le ministre de l'Agriculture, Bruno Lemaire, a donné son accord à la vente", rappelle-t-il.

"Cette vente devrait être applaudie"

Sur la légalité de cette transaction, Eric Woerth ne veut donc laisser planer aucun doute : "si c'était à refaire, j'agirais exactement de la même façon. Cette vente, réalisée dans l'intérêt de l'État, devrait être applaudie". Plus de sérénité donc, même si l’affaire Bettencourt lui a probablement coûté sa place lors du dernier remaniement.

Une affaire de plus pour l’ancien ministre qui s’est trouvé plongé pendant des mois au cœur de l’affaire Bettencourt. Mais rien ne semble affecter celui qui a retrouvé son siège de député : "Je n'ai pas décidé d'arrêter ma vie politique parce que je fais l'objet de soupçons infondés sur la vente d'une parcelle à Compiègne et que je me trouve mêlé à une affaire de famille qui me dépasse", explique-t-il, avant de se montrer plus confiant : "Je ne maîtrise pas le calendrier, mais ces deux affaires seront bien soldées un jour. Je n'ai aucune inquiétude sur le fond". Un argumentaire qui intervient alors que la Cour de Justice de la République (CJR) doit trancher dans cette affaire le 13 janvier prochain.