Xavier Bertrand avait annoncé récemment le relèvement du numerus clausus des médecins en France, sans détailler dans quelle proportion. Le ministre de la Santé a apporté cette précision mercredi matin sur Europe 1. "Nous allons passer en tout de 7.700 à 8.000 futurs médecins", a-t-il déclaré. Le nombre d'étudiants qui seront admis en médecine à l'issue de la première année commune aux études de santé (PACES) passera de 7.400 à 7.500 et le nombre d'étudiants venant d'autres filières sera porté de 300 à 500.
Je ne veux pas me retrouver à gérer la pénurie :
Le ministre de la Santé a expliqué cette décision par la volonté de "ne surtout pas retomber dans les erreurs du passé". "Dans les années 1990, on a pensé qu’avec moins de médecins, il y aurait moins d’actes médicaux, moins de dépenses, moins de déficits. C’est tout le contraire qui se produit", a-t-il rappelé. En outre, "dans les années qui viennent, les professionnels de santé n’exerceront pas comme aujourd’hui", a prédit Xavier Bertrand. "Je dois prendre en compte le fait que l’activité se fera davantage à temps partiel. Or, je ne veux pas me retrouver à gérer la pénurie dans les 10 ans qui viennent et les 10 ans qui suivront."
"Je préfère leur donner envie"
Dans l’ensemble bien accueilli, le relèvement du numerus clausus est toutefois critiqué par certains syndicats de médecins, qui craignent qu’il ne soit pas accompagné des moyens idoines. "S’il n’y avait que le relèvement du numerus clausus, ça ne suffirait pas. Mais en même temps, ce que je mets sur la table, ce sont les moyens d’améliorer la formation, notamment dans les facs de médecine", a assuré Xavier Bertrand. "Il faut doubler les amphis, Il faut bien voir également à mieux répartir l’effort. La pédiatrie réclame par exemple depuis des années le relèvement du numerus clausus."
La hausse du numerus clausus a aussi pour objectif de lutter contre les déserts médicaux, imputable selon Xavier Bertrand à la "baisse brutale, autoritaire" des années 1990. Outre ce relèvement quantitatif, le ministre préfère encore et toujours l’incitation à s’installer dans des territoires à fort besoin de médecins. "Si vous voulez les obliger, ne vous inquiétez pas, parce qu’ils ne feront plus médecine", a-t-il prévenu. "Je préfère leur donner envie. Et ça marche. Depuis l’an dernier, selon les chiffres du Conseil de l’ordre des médecins, il y a 9% d’installation de plus en milieu rural qu’il n’y a de départs. C’est une grande première", s’est félicité le ministre.