Les appels du pied se multiplient ces derniers jours. L'université d'été du Medef qui s'ouvre mercredi sur le campus d'HEC à Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, est l'occasion pour le gouvernement de démontrer qu'il n'est pas l'ennemi des entreprises. C'est Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre lui-même, qui va prononcer le discours d'ouverture mercredi à 14h30. Une première depuis la création du Medef en 1998.
"Il y a une attente très forte"
Seul Nicolas Sarkozy a assisté à l'ouverture de l'université d'été du Medef, le 30 août 2007, trois mois et demi après son élection. Le discours de l'actuel premier ministre est donc très attendu. "Il a y eu des discours un peu différents suivant les moments et les ministres, donc il y a une attente très forte. C'est pourquoi on peut se réjouir que le Premier ministre vienne. Mais ce qui compte, c'est le fond de son discours, ce qu'il va nous proposer comme philosophie au niveau des entrepreneurs", abonde Geoffroy Roux de Bézieux, PDG de Virgin Mobile France au micro d'Europe 1.
Il y a une grosse incertitude au niveau européen :
Le patronat attend en effet le gouvernement au tournant. Les entreprises s'inquiètent notamment des projets fiscaux des socialistes et réclament des réformes de structure du marché du travail en faveur de la compétitivité. "Il y a une grosse incertitude au niveau européen, sur le plan budgétaire, sur la crise de l'euro. Quelle est la politique du gouvernement vis-à-vis des entreprises, des entrepreneurs ?", s'interroge Geoffroy Roux.
Parisot attend "un discours de confiance"
Dans une tribune publiée par Le Monde, Laurence Parisot critique avec véhémence les propositions qui ont découlé de la rencontre entre François Hollande et la délégation de grands patrons la semaine dernière. La patronne du Medef juge ainsi "néfaste" la volonté affichée d'aligner la fiscalité du capital sur celle du travail, qui limiterait selon elle l'accès des entreprises aux capitaux. A ce sujet, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a affirmé, dans un entretien aux Échos, que le redressement des comptes de la nation devait se faire "dans la justice" sans que celle-ci ne vienne "hypothéquer le redressement productif de la France".
Mais la présidente du Medef invoque également les "sérieux risques" que présente le projet de taxation à 75% des revenus supérieurs à un million d'euros annuels, qui "ne doit pas amener les investisseurs à se demander si la France va rester ou non une grande puissance économique". "Nous espérons un discours de confiance, de respect à l'égard des chefs d'entreprise et l'idée que, au fond, les entreprises, si elles font des profits, c'est pour alimenter la croissance", a-t-elle déclaré sur France 2.
Dix ministres attendus sur place
Les membres du gouvernement vont donc tenter de rassurer le patronat. Au total, pas moins de dix ministres vont défiler à l'université d'été du Medef, dont le titulaire de l'Economie Pierre Moscovici et son ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac, leur collègue du Travail Michel Sapin et celle du Commerce extérieur Nicole Bricq.
Après un début de quinquennat marqué par une grande conférence sociale qui a inspiré des sentiments mitigés chez les patrons, "le fait que nous venions cette année en force devant le Medef est indéniablement un signe", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici, cité dans Le Monde.
"Nous serons là pour dire que le gouvernement est pleinement décidé à affronter le défi économique de la compétitivité, car ce n'est qu'en renforçant nos capacités de croissance que nous gagnerons la bataille de l'emploi", a-t-il ajouté.