Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a commenté le rapport de l’Igas sur le Médiator qui lui a été remis samedi. "Ce qui m’a le plus choqué [dans ce rapport] c’est le comportement et la stratégie des laboratoires Servier", a-t-il déclaré dimanche matin dans le Grand Rendez-vous sur Europe 1. "S’il y a des victimes, c’est parce qu’il y a un laboratoire qui a causé ces victimes", a-t-il ajouté, mettant en avant la responsabilité directe des laboratoires Servier.
"Je veux être entendu le plus vite possible"
Xavier Bertrand a souligné sa volonté de faire toute la lumière sur les responsabilités à imputer, mais aussi sur son projet de "rebâtir un système de santé dans lequel les Français pourront avoir confiance". "Ce médicament a été responsable de trop nombreuses morts. Il faut que les responsables répondent de leurs actes", a insisté le ministre, rappelant que ces responsables "vont avoir à répondre aux parlementaires, mais aussi devant la justice puisque des associations de victimes ont intenté des poursuites judiciaires".
Il a toutefois regretté que les ministres de la Santé, en poste au moment de la commercialisation du Médiator, n'ont pu être entendus. "Je souhaite que les ministres de la Santé, depuis 1974, soient entendus. Et moi, je veux être entendu le plus vite possible par les missions parlementaires".
"J’ai aussi une part de responsabilité", a-t-il admis :
La faute des agences indépendantes
Xavier Bertrand a également mis en avant la faiblesse du système de contrôle des médicaments qui "n’est plus assuré dans les ministères depuis le scandale du sang contaminé". Ce contrôle est "placé auprès d’agences indépendantes et ce système n’apporte pas les garanties suffisantes", a ajouté le ministre, qui a admis qu'il pouvait exister des conflits d'intérêts entre ces agences et les laboratoires.
Le contrôle effectué par les agences indépendantes "n'est pas satisfaisant " :
"Il faut aller jusqu’au bout. Il faut que toutes les conventions signées par l’industrie pharmaceutique soient publiées et consultables par tous", a-t-il annoncé. Xavier Bertrand veut même aller jusqu'à une transparence totale pour les commissions en charge du contrôle des médicaments. "Il faut mettre fin aux conflits d'intérêts et cela est possible. Il faut que les discussions dans les commissions soient enregistrées, que les rapports soient rendus publics".
Le ministre a également proposé que des consultations publiques soient organisées comme aux Etats-Unis. Concernant les déclarations d'intérêts, Xavier Bertrand souhaite qu'elles concernent "les membres du gouvernement mais aussi leurs proches. Et ces déclarations doivent être rendues publiques".
76 médicaments sous surveillance
Autre souhait formulé par le ministre, celui de rendre consultable par tous "la liste des 76 médicaments actuellement sous surveillance", car "on ne peut pas prendre le risque d’avoir un nouveau Médiator dans les années qui viennent", a-t-il prévenu.
Enfin, Xavier Bertrand a dit souhaiter que "l'indemnisation se fasse de façon juste et rapide", sans toutefois chiffrer le montant du fonds d'indemnisation qui va être créé.