L'INFO. Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche (PG), affirme que Marine Le Pen "a contaminé" le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, et que ce dernier "chasse sur les terres" de la présidente du Front national, dans une interview au JDD paru dimanche. Face aux attaques de Jean-Luc Mélenchon, le PS a souhaité que le Parti communiste prenne ses distances avec "ces propos et ces outrances". En vain.
Valls "a pollué une partie de l'été". "Mme Le Pen est à deux doigts de gagner son pari. Non seulement, elle a séduit la plus grande partie de la droite mais elle a aussi contaminé Manuel Valls", affirme l'ancien candidat à la présidentielle. "Or c'est lui qui donne le ton au gouvernement. Voyez comment il a pollué une partie de l'été avec la question du voile. Les musulmans dans notre pays font l'objet d'une stigmatisation insupportable. Lui a décidé de manière cynique d'utiliser cette situation malsaine pour installer son personnage : un dur et violent qui chasse sur les terres de Mme Le Pen", ajoute-t-il.
François Hollande également dans le viseur. Jean-Luc Mélenchon s'en prend également au chef de l'Etat, affirmant que "le premier pourvoyeur du Front national, c'est François Hollande par la démoralisation et la démobilisation qu'il répand". François Delapierre, secrétaire national du Parti de Gauche, avait vu jeudi en Manuel Valls "l'extrême droite du mouvement socialiste". Selon Jean-Luc Mélenchon, François Hollande "a divisé tout le monde : la gauche, les syndicats, et son propre gouvernement".
"La communication à la papa". L'ancien socialiste fustige également "la communication à la papa" de l'exécutif, en particulier le pique-nique de Jean-Marc Ayrault à Matignon avec des enfants qui n'ont pas pu partir en vacances, une "réception des pauvres au palais" qu'il qualifie de "glauque". Jean-Luc Mélenchon estime par ailleurs que le président de l'Assemblée Claude Bartolone et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui se retrouvent dimanche à la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse, en Saône-et-Loire, et dont le franc-parler égratigne souvent l'exécutif, "doivent passer à l'acte", s'ils "croient ce qu'ils disent". "Ils ne peuvent à la fois critiquer la ligne du gouvernement et continuer comme si de rien n'était dans les ministères et à l'Assemblée", dit-il.
"Des attaques qui "se suivent et se ressemblent". En réponse aux critiques de Jean-Luc Mélenchon, Claude Bartolonne a ironisé, soulignant que le co-président du Parti de gauche. Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone ne pouvait "prétendre être président de la République", dimanche à Frangy-en-Bresse, en Saône-et-Loire. "Il faut qu'il comprenne que si ce n'est pas les socialistes, si ce n'est pas François Hollande, si ce n'est pas Jean-Marc Ayrault, si ce n'est pas un gouvernement composé de socialistes, de gens de gauche et d'écologistes, c'est la droite. Y a pas d'autre alternative", a-t-il ajouté.
Le Parti socialiste a également déploré que Jean-Luc Mélenchon n'avait "d'ennemis qu'à gauche et cela commence à se voir". "Ses rentrées politiques et ses tentatives de rebond se suivent et se ressemblent : haro sur les socialistes, avec un style et des mots qui ne fracassent rien d'autre que le débat démocratique", a réagi dimanche dans un communiqué le porte-parole du PS, David Assouline. "D'ailleurs", ajoute-t-il, "nous espérons que le Parti communiste", principal allié du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon au sein du Front de gauche, "se dissociera de ces propos et de ces outrances".
"L'outrance du côté de Valls". En vain. Car le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, a répondu sur BFM-TV que "l'outrance" était "plutôt du côté du ministre de l'Intérieur, parce que l'été de Manuel Valls est un été funeste, à la fois pour la gauche et pour la République". Dartigolles a fait référence aux propos de Manuel Valls "sur le voile à l'université, comme si c'était la préoccupation des Français, ou encore la manière dont il tente de dynamiter la loi pénale proposée par Christiane Taubira". "Jean-Luc (Mélenchon) dit aujourd'hui ce que le peuple de gauche ressent, c'est-à-dire une exaspération, une déception immense" par rapport à François Hollande et au gouvernement, a ajouté le porte-parole du PCF.