Le leader du Front de gauche attaque avec force les socialistes. Sans ses alliés communistes.
Le contexte. Mercredi, le Sénat se prononcera sur la proposition de loi du groupe Front de gauche visant à amnistier les syndicalistes et les militants associatifs condamnés en justice sous Nicolas Sarkozy. Au cœur de l’été, Jean-Luc Mélenchon avait assuré sur France 2 que le chef de l’Etat lui avait promis de faire cette proposition : "qu’est-ce qui empêche le président de la République de proposer une loi d’amnistie pour les syndicalistes ? Dis-donc François, tu ne me l’avais pas promis la dernière fois que je t’ai vu ? Tu ne m’avais pas dit qu’on allait la mettre à l’ordre du jour de la conférence sociale ? Rien du tout !"
La charge de Mélenchon. Majorité ou opposition? Le positionnement du leader du Front de gauche pose toujours question. L’ancien socialiste n’est en tout cas pas tendre avec ses anciens camarades depuis leur accession au pouvoir. Vendredi dernier, il a franchi un cap dans la critique : "le dialogue, on l’a eu, ça va maintenant ! On a compris qu’il [François Hollande] n’avait pas envie de comprendre. Donc, on va lui tordre le bras", a-t-il lancé lors d’une conférence de presse, avant de se montrer menaçant : "ceux qui ne votent pas la loi ne sont pas de gauche. (…) On les pourchassera jusque dans le dernier village de France". Une petite phrase loin d'être anodine à un an des élections municipales.
Les communistes mal à l’aise… Si le candidat du Front de gauche a décidé de taper du poing sur la table, quitte à la renverser, ses alliés communistes ne sont pas sur la même longueur d’ondes. "Nous préférons la discussion à la menace", a ainsi lancé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, dans Libération. "Si nous voulons réunir cette majorité, il faut créer les conditions pour y arriver (…) Il ne faut pas emprunter le chemin de la menace", a-t-il insisté. Les communistes s’éloignent d’autant plus facilement de l’eurodéputé que les socialistes n’ont jamais fermé la porte à cette proposition de loi.
… le PS se réjouit. Qu’il est compliqué d’entretenir de bonnes relations avec ces alliés parfois si turbulents. C’est le boulot de Luc Carvounas, secrétaire national du PS aux relations extérieures. Dans un communiqué publié mardi, ce dernier s’est félicité des propos d'Olivier Dartigolles, "propos responsables qui invitent au rassemblement" et "laissent enfin présager d'un futur travail fructueux entre le PC et le PS". "J'ai toujours fait la différence entre les éructations de Jean-Luc Mélenchon et la position des responsables du Parti Communiste", a-t-il conclu, comme un avertissement au bouillonnant tribun.
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Le député Thierry Mandon, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, est moins diplomate, fustigeant "l'espèce de fatwa que Jean-Luc Mélenchon a décrété contre les députés de la majorité de gauche qui ne voteraient pas les textes qu’il souhaite voir adopter. Il nous semble que ce n'est pas une bonne façon de concevoir le dialogue républicain que de prononcer ce genre de propos", a-t-il déclaré à la presse.