Dans cette dernière ligne droite qui mène à la présidentielle, le ton monte entre les états-majors du PS et du Front de gauche. C'est Jérôme Cahuzac, un proche de François Hollande, qui, le premier, a lancé mardi un avertissement à Jean-Luc Mélenchon, l'homme qui monte dans les sondages. Le programme de François Hollande sera à prendre ou à laisser, a prévenu en substance le président de la commission des Finances à l'Assemblée, dans l'hypothèse où le candidat du Front de gauche soutiendrait le candidat socialiste au second tour de la présidentielle.
"Dès lors que l'on soutient la candidature de François Hollande, on approuve son programme", a lancé Jérôme Cahuzac, conseiller finances, budget et fiscalité du candidat socialiste à l'Elysée lors de l'émission Preuves par 3 (Public Sénat/AFP). En clair, le PS, fort des pronostics qui placent François Hollande victorieux au deuxième tour de la présidentielle, ne veut pas faire de concessions sur son programme. "Ce n'est pas une discussion qui se passe sur un coin de table : je te donne ceci, tu me lâches cela", a-t-il encore adressé au candidat du Front de gauche, alors qu'on l'interrogeait sur les exigences que ce dernier pourrait exprimer avant de rallier le député de Corrèze.
Dans cet avertissement à peine voilé, Jérôme Cahuzac a a rappelé que "Jean-Luc Mélenchon et son parti ont passé un accord avec le PS pour que leurs candidats aient quelques circonscriptions avec quelque espérance de gains". "A eux de concrétiser ces espérances de gains dans le cadre d'une alliance bien comprise avec le Parti socialistes mais au sein de la majorité présidentielle qui sera celle de François Hollande et avec le programme de François Hollande", a-t-il averti.
"Le gros menteur de Cahuzac"
Une déclaration qui a déclenché les foudres de Jean-Luc Mélenchon. "J'ai lu la déclaration de ce gros menteur de Cahuzac", a déclaré le candidat du Front de gauche lors d'une conférence de presse avant son meeting de Lille.
"Il rabaisse notre ambition, notre ambition ce n'est pas les sièges, c'est la révolution citoyenne", a-t-il encore lancé. "Ne commencez pas à nous chercher, soyez poli avec nous, soyez respectueux avec la masse du Front de gauche, elle n'est pas à vendre", a-t-il prévenu à l'adresse des responsables socialistes avant de demander à Français Hollande de ne pas dépasser "les lignes jaunes".
Le candidat, au coude à coude avec Marine Le Pen dans les sondages, a réaffirmé son indépendance vis-à-vis du PS. "Jérôme Cahuzac dit : le programme (de François Hollande, ndlr) est à prendre ou à laisser. Très bien, on laisse", a lancé le candidat du Front de gauche sous les applaudissements des 15.000 à 23.000 personnes à Lille au Grand Palais.
Une imposition totale au dessus de 360.000€
Le Front de gauche tient à poser ses conditions pour un éventuel ralliement. Mardi matin sur RTL, Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF et rallié au candidat du Front de Gauche, a clairement énoncé qu'une des conditions de rapprochement avec François Hollande au second tour était la mise en place d'une imposition totale des revenus au-dessus de 360.000 euros par an.