Dimanche, l’identité du candidat socialiste qui aura la lourde tâche de déboulonner l’UMP Jean-Claude Gaudin de la mairie de Marseille sera enfin connue. Il s’agira soit de Samia Ghali, soit de Patrick Mennucci, arrivés en tête du premier tour de la primaire socialiste dimanche dernier, et qui s’affrontent pour la place dimanche lors d'un second tour des primaires marqué par une participation en hausse. Chacun des deux candidats part au front avec de sérieux arguments à faire valoir. Mais ils cumulent aussi quelques handicaps. Tour d’horizon.
Samia Ghali, l’embarrassante bête médiatique
Un seul coup d’éclat a suffi à Samia Ghali pour faire son entrée dans l’arène médiatique, qu’elle n’a plus quittée depuis. C’était au coeur de l’été 2012, quand la maire du 8e secteur de Marseille avait réclamé l’intervention de l’armée dans les quartiers difficiles. Depuis, les médias sont conquis. Il faut dire que la sénatrice de 45 ans, avec son verbe fleuri et ses phrases choc, est une bonne cliente. Native des quartiers Nord, Samia Ghali est aussi une femme de terrain, très à l’aise au contact de la population. Et son franc parler, qui implique qu’elle critique ouvertement la ligne du parti, comme sur la grande métropole de Marseille, lui a valu le surnom de "Ségolène Royal de Marseille".
Mais être "la Ségolène Royal de Marseille" ne comprend pas que des avantages. Car comme la candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Samia Ghali ne peut pas franchement compter sur le soutien de son parti. Preuve en est le ralliement de trois des quatre candidats battus au premier tour derrière Patrick Mennucci. Qui a aussi le soutien des états-majors parisiens. Autre épine dans le pied de Samia Ghali, sa proximité avec Jean-Noël Guérini, le très sulfureux président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, qui a permis son ascension au sein de la classe politique marseillaise. La sénatrice a beau jeu de dénoncer et d’affirmer haut et fort mettre fin au clientélisme, elle n’a pour autant jamais réclamé l’exclusion de son ex-mentor du Parti socialiste. Dans une ville où le nom de Guérini est désormais synonyme de corruption, cela pourrait lui coûter cher.
Patrick Mennucci, l’ancien
Les arcanes de la politique marseillaise n’ont aucun secret pour Patrick Mennucci. Elu depuis 1983, le maire du 1er secteur de Marseille maîtrise à fond les dossiers qui concernent Marseille. "Il connaît mieux ses dossiers que quiconque et, si c'est lui, il mènera la vie dure à Gaudin", glisse ainsi un parlementaire UMP marseillais à La Provence. Cette connaissance des dossiers et son ancrage local incontestable lui ont permis, après des années d’opposition, à remporter des victoires électorales ces dernières années : la mairie du 1er secteur, qu’il subtilise à l’UMP, en 2008, puis la législative de 2012. Sa longévité lui permet aussi de bénéficier de solides réseaux. Et le ralliement de trois des quatre candidats battus, sans compter le soutien plus ou moins discret de Paris, est là pour le montrer.
Mais l’atout de Patrick Mennucci est aussi, paradoxalement, son boulet. Car l’homme est souvent perçu comme un homme d’appareils ce qui, en ces temps de contestation généralisée, n’est jamais bon. En outre, le député de la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône prend de la place, et gêne jusque dans son camp. Au point que "ce fort en gueule" a été démis en janvier dernier de sa fonction de président de l’opposition municipale à la mairie centrale de Marseille, à la demande de… ses camarades socialistes. Par ailleurs, son opposition frontale à Force ouvrière dans le dossier du traitement des déchets de la ville, pourrait lui coûter cher.
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