"Tout ministre battu aux législatives ne restera pas au gouvernement". En lançant cette phrase le mercredi 16 mai sur France 2, Jean-Marc Ayrault a refroidi les ardeurs de plusieurs membres de son gouvernement. Echaudés par le cas d’Alain Juppé en 2007, numéro deux du gouvernement mais contrait à la démission après sa défaite aux législatives, certains ministres ont purement et simplement décidé de jeter l’éponge.
Vallaud-Belkacem, marche trop haute
La première d’entre elle a été Najat Vallaud-Belkacem. La ministre du Droit des femmes l’a annoncé sur son site Internet dès jeudi. "Pour mieux assumer cet engagement sans délai et cette implication sans partage, je fais toute confiance à Anne Brugnera, et à son suppléant, Walter Graci, pour mener, au nom de la majorité présidentielle, la bataille des législatives dans la 4eme circonscription du Rhône", écrivait la porte-parole du gouvernement au lendemain des propos de Jean-Marc Ayrault.
Plus sûrement, la jeune femme craignait la défaite. Cette proche de Ségolène Royal, qui fut une des quatre porte-parole de François Hollande dans la campagne électorale, avait déjà été candidate en 2007 dans cette circonscription lyonnaise remportée alors avec une large avance - 56,57% - par l'UMP Dominique Perben. Dans cette même circonscription, qui concerne une partie de Lyon, Nicolas Sarkozy a réuni 53,88% des voix le 6 mai dernier.
Sapin a trouvé la parade
Michel Sapin s’est lui mis en retrait, mais sans jeter totalement l’éponge. Le ministre du Travail a trouvé la parade. Il a en effet décidé de ne se présenter qu’en suppléant de Jean-Paul Chanteguet, député PS également sortant et privé de circonscription après le redécoupage électoral. "Nous avons considéré avec Michel qu'à partir du moment où il était nommé ministre, il était plus simple et plus clair vis-à-vis des électrices et des électeurs que je sois candidat titulaire dans la mesure où étant ministre, même s'il était candidat titulaire, le futur député de cette circonscription aurait été Jean-Paul Chanteguet", a expliqué le candidat titulaire samedi sur France Bleu Berry.
Si Michel Sapin a choisi de se mettre en retrait, c’est que sa victoire n’était pas acquise. En 2007, le ministre du Travail avait ainsi obtenu son mandat au deuxième tour avec 50,55% des suffrages, contre 49,45% au candidat UMP Jean-Yves Hugon, soit 374 voix d'avance. Trop serré pour prendre le risque de perdre une place au gouvernement.
Taubira avait pourtant élection gagnée
Christiane Taubira ne semblait elle pas menacée. La députée de la première circonscription de Guyane est élue dans ce territoire depuis 1993, et il n’a jamais échappé à la gauche. En outre, à l’élection présidentielle, François Hollande l'a emporté dans cette circonscription avec 62,28%. Pourtant, ses proches ont annoncé vendredi son renoncement. "Elle ne sera pas candidate aux élections législatives", a affirmé Joël Pied, secrétaire général de Walwari, son parti guyanais. La charge de travail que représente le ministère de la Justice, premier maroquin de la carrière de Christian Taubira, est sans doute à l’origine de cette décision.