C’est Nicolas Sarkozy qui avait ouvert le bal anti-Mitterrand. Fin mai, pour mieux défendre sa propre réforme des retraites, le chef de l’Etat s’en était pris à l’ancien président socialiste. Lançant : "Vous savez, quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal de départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu".
Les attaques contre l’héritage de François Mitterrand, qui a quitté le pouvoir il y a 15 ans, se font depuis tous azimuts. Mardi, coup sur coup, Jean-François Copé, le chef de file des députés UMP, et Frédéric Lefebvre, le porte-parole du parti de la majorité, ont répondu aux attaques de Ségolène Royal sur le "système Sarkozy corrompu" en faisant référence à son passé de… ministre de François Mitterrand. C’était entre 1992 et 1993.
A "l'école de Mitterrand"
Une même référence mais des angles d’attaque différents : "Ségolène Royal a grandi à l'école de (François) Mitterrand, une période où il y avait quelque connexion objective entre le PS et le FN, on retrouve ça aujourd'hui", a lancé Jean-François Copé sur France Info. Frédéric Lefebvre a lui ciblé "les mauvaises habitudes d'une période que Mme Royal connaît bien où l'opacité était la règle, celle des écoutes illégales commanditées par le pouvoir, des fonds secrets, et autres mauvaises pratiques".
Patrick Devedjian avait déjà repris à son compte ce thème des "écoutes illégales" dimanche dernier. Invité à s’exprimer sur l’affaire Bettencourt, après la diffusion d’enregistrements pirates, le ministre de la Relance avait attaqué le fondateur de ce site, Edwy Plenel en dénonçant "le cynisme un peu énorme chez certains qui, ayant été eux-mêmes victimes d'écoutes par François Mitterrand, n'hésitent pas à l'exploiter pour s'en servir politiquement".
La référence à Bérégovoy
Même François Fillon a repris à son compte la référence à l’ère Mitterrand, de façon indirecte. La semaine dernière, volant au secours d’Eric Woerth, le Premier ministre avait lancé à l’Assemblée nationale : "je n'ai jamais accepté de jeter aux chiens l'honneur d'un homme". Une référence sans équivoque au discours prononcé par François Mitterrand lors des obsèques de son propre Premier ministre, Pierre Bérégovoy, où il avait attaqué ceux qui ont "livré aux chiens l'honneur d'un homme".
Mitterrand reste une "icône"
Pourquoi remonter ainsi dans le temps ? Parce que François Mitterrand reste "une icône" à gauche, analyse Catherine Nay, éditorialiste d’Europe 1. "Quand Nicolas Sarkozy parle de la réforme des retraites, il fait référence à une vérité historique. Quand Frédéric Lefebvre revient sur l’ère Mitterrand, là c’est de la polémique", estime-t-elle.