"Il y a chez nous des gens qui disent: 'il faut aller à gauche et d'autres il faut aller à droite' et moi je dis, nous resterons ensemble groupés. On va rester groupés". Le président du MoDem, François Bayrou, a joué la carte de l'unité, samedi dans le cadre des universités d'été du parti centriste. Un message d'autant plus nécessaire qu'ils sont nombreux parmi ses militants à s'interroger sur la stratégie du parti centriste.
>> A lire aussi : Bayrou : un pas vers Borloo, pas à droite
"On peut travailler ensemble, marchons vers l'unité"
"Il faut avoir des idées claires, la volonté de dire la vérité et de ne pas se laisser distraire par des échecs électoraux", a expliqué l'ex candidat à la présidentielle et aux législatives. Pour lui, on rencontre toujours des difficultés "quand on ouvre des chemins différents".
>> A lire aussi : La très longue liste des partis centristes
"L'attitude que nous avons est ouverte et nous disons à ceux qui sont compatibles: on peut travailler ensemble, marchons vers l'unité et l'unité, c'est que tout le monde vienne avec son histoire et que personne ne soit obligé de se renier", a-t-il lancé à l'adresse des membres de l'UDI de Jean-Louis Borloo.
"Le jour où ce mouvement d'unité aura porté ses fruits, on aura des débats. Il y aura ceux qui défendrons mordicus la position de droite, ceux qui, comme moi, défendrons une position plus centrale et plus autonome et peut-être un jour on sera obligé d'accepter de travailler avec des gens plus à gauche", a-t-il ajouté.
Une "thérapie de groupe" nécessaire
Pas de cris ou de pleurs mais beaucoup d'applaudissements et quelques huées: les militants et élus du MoDem ont tenté d'expurger sans affrontement et par la parole les tensions et interrogations nées des défaites électorales, des divisions internes sur la stratégie du parti et la crainte d'une hémorragie d'élus et de militants. Le même dilemme se pose en effet : le MoDem doit-il pencher à droite, à gauche ou affirmer son indépendance ?
"J'ai l'impression de revivre ce soir l'éternelle quadrature du centre", a ironisé un militant en se demandant quel est le sens aujourd'hui de l'engagement politique au MoDem. "J'étais là lors de la création du MoDem et je vais peut-être assister aujourd'hui à la fin du MoDem", a lancé un autre militant, un peu provocateur, en s'attirant des huées. "Moi, je pense que cette thérapie de groupe, ce n'est pas trop mal", a salué un autre.
La menace Borloo se précise
L'inquiétude est d'autant plus palpable chez les militants du MoDem qu'un autre poids lourd du centrisme veut tenter de rassembler toutes les formations de ce courant : Jean-Louis Borloo. François Bayrou n'a donc pas manqué de fustiger la ligne de conduite édicté par ce dernier, qui a défendu une ligne claire d'alliance avec la droite.
"Tous ceux qui ont des attitudes de fermeture se trompent. On ne peut pas dire centre et dire qu'on est d'un seul côté. En tout cas, c'est la thèse que je défendrai", a martelé François Bayrou. "Mais je n'empêche personne de se dire du centre-droit. Je ne fais de procès à personne. Je ne fais pas de procès à ceux qui ont passé dix ans à l'UMP, à ceux qui ont soutenu le candidat de l'UMP contre le candidat de leur propre famille. Après tout, tout le monde peut se tromper", a-t-il lancé.