Le Premier ministre a assuré qu'Arnaud Montebourg resterait au gouvernement malgré sa condamnation.
L'UMP demandait déjà sa démission. Une semaine tout juste après son entrée en fonction au poste de ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg a été condamné mercredi par le tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour avoir publiquement injurié en 2011 les anciens membres de la direction de SeaFrance, une compagnie de ferries.
Mais le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a rejeté mercredi les appels à la démission lancés par la droite, considérant que la probité d'Arnaud Montebourg n'était pas en cause et que la règle érigée par François Hollande refusant la présence de personnes condamnées dans son entourage était donc respectée.
"Ecoutez, c'est une affaire à un euro. Vous n'allez quand même pas faire une histoire avec une affaire qui ne met pas en cause ni son intégrité, ni son honneur, ni son honnêteté", a lâché le Premier ministre au micro d'i>Télé.
"Le principe affirmé par le président de la République est clair : il faut des responsables politiques exemplaires. Toute condamnation qui disqualifierait un responsable politique pour des actes contraires aux valeurs de la République conduirait à l'exclure du gouvernement", écrit-t-il par ailleurs dans un communiqué intitulé : "rappel de la règle relative à la condamnation frappant un ministre". "Aucun membre du gouvernement n'est aujourd'hui dans ce cas de figure", ajoute-t-il.
Hollande : "il va payer son euro"
Quelques heures plus tôt, François Hollande, qui était aux côtés du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, avait répondu par une pirouette lors de la conférence de presse. Le président de la République avait fait comme si la question avait été posée au dirigeant espagnol : "vous n’êtes pas obligé de répondre sur Arnaud Montebourg", avait ironisé François Hollande avant de lancer aux journalistes : "il va payer son euro".
Dans une interview au JDD le 15 avril dernier, le candidat Hollande avait pris l'engagement de ne pas avoir "autour de (lui) à l'Elysée des personnes jugées et condamnées". Une contradiction pointée par Yves Jégo, député de Seine-et Marne et membre du Parti radical.
Depuis son élection, François Hollande et son Premier ministre ont fait signer à tous les ministres une charte de déontologie dans laquelle "l’exemplarité " a été érigée comme principe.
Morano demande sa démission
L'UMP s’était immédiatement emparée de cette décision judiciaire. Quelques minutes après le jugement, Nadine Morano, l’ex-ministre de l’Apprentissage et actuelle déléguée générale de l’UMP, avait demandé sa démission "immédiate" sur Twitter avant de publier un communiqué de presse.
"Hollande avait dit aux Français qu'il ne s'entourait pas de personnes ni jugées ni condamnées" en avril lors de la campagne, a affirmé Nadine Morano, soulignant que le candidat socialiste à l'Elysée s'était alors "érigé en ‘père la vertu’". François Hollande s'était engagé à ce que personne "autour de lui à l'Elysée", et donc a fortiori au gouvernement, n'ait été "jugé et condamné", une promesse répétée à plusieurs reprises.
Copé : "toutes les leçons de morale possibles"
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'était lui demandé si le président François Hollande allait appliquer ses "engagements électoraux". "Je n'ai pas pour habitude de commenter les décisions de justice (...) La seule chose qui me paraît intéressante dans cet épisode, c'est de savoir quel sera le comportement du président Hollande, qui a donné à notre famille politique pendant des mois et des mois toutes les leçons de morale possibles, y compris en demandant systématiquement de couper la tête des ministres du gouvernement Sarkozy dont il bafouait régulièrement la présomption d'innocence", a-t-il dit en marge d'un déplacement électoral dans le Bas-Rhin.
Eric Ciotti, président du Conseil général des Alpes-Maritimes et membre du collectif de la Droite populaire, avait également ironisé sur cette condamnation en détournant l'anaphore du candidat Hollande lors du débat télévisé face à Nicolas Sarkozy.