Il était (étrangement) calme depuis quelques semaines. Après le licenciement de Delphine Batho, le ministre le plus recadré du gouvernement avait pris conscience de la nécessité de ne pas (trop) sortir des clous au nom de la solidarité gouvernementale. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Dans un long portrait du magazine M, le ministre du Redressement productif lâche quelques petites phrases. Des pépites dont lui seul a le secret.
"Bruxelles ? Des connards !"Arnaud Montebourg, chantre de la démondialisation et de la 6e République, n’a jamais été un grand amoureux de la technocratie bruxelloise, ni de José Manuel Barrosso, président de la commission européenne, accusé de servir "de carburant" au Front national. C’est un euphémisme, lui est plus direct : "Bruxelles ? Des connards !", a-t-il lâché pour conclure une philippique anti-UE.
Le ministre du Redressement productif n’a pas non plus un goût immodéré pour les grands patrons. Son activisme dans le dossier Florange avait finalement abouti à une reprise en main de Jean-Marc Ayrault, qui avait repoussé fermement ses envies de nationalisation. Arnaud Montebourg n’a pas digéré l’affront. "Mittal, je lui en ai mis une ; depuis, il fait moins le malin", fanfaronne-t-il, assurant ensuite qu’il « ne déteste pas les patrons, [il] n'aime pas les cons, c'est différent".
"J’ai engueulé Ayrault". Sa liberté de ton et ses critiques récurrentes en agacent plus d’un dans l’équipe Ayrault, qui estiment que leur collègue du Redressement productif jouit d’un statut particulier. Arnaud Montebourg avait notamment lâché à Jean-Marc Ayrault : "Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes." Confirme-t-il ses propos rapporté dans un livre ? "Ce sont des propos privés, je ne les commente pas. Ayrault n'aurait jamais dû avouer que je lui avais dit ça, je l'ai engueulé d'ailleurs", assure-t-il, bravache. Si Pierre Moscovici n’est pas non plus son plus grand fan, Arnaud Montebourg s’entend en revanche particulièrement bien avec Cécile Duflot, Christiane Taubira, Benoit Hamon, Aquilino Morelle et même… Manuel Valls.
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"La présidentielle est la seule élection à laquelle j'envisage de me représenter". Avocat de formation, Arnaud Montebourg est tombé dans la marmite politique en Saône-et-Loire, où il devient député en 1997, à la demande des socialistes locaux. Réélu en 2002 et en 2007, celui fut aussi président du conseil général de Saône-et-Loire de 2008 à 2012 dit pourtant en avoir "marre des élections. Je ne me représenterai pas. Après le ministère, j'arrête la politique, en tout cas comme une carrière." Mais très vite, il se reprend lui qui, finalement, n'a perdu qu'une seule élection : la primaire socialiste de 2011. "La présidentielle est la seule élection à laquelle j'envisage de me représenter un jour." "J'ai échoué la première fois, ça ne veut pas dire que j'échouerai la seconde", confiait-il au New York Times, début juillet. Surtout ne pas insulter l’avenir.