Interrogé sur la crise de confiance, il juge que la "vraie question", c'est l'austérité européenne.
L'affaire Cahuzac et sa gestion par le gouvernement sont-elles responsables du désamour des Français pour la politique ? Là n'est pas la "vraie question", répond Arnaud Montebourg. Dans une longue interview au journal Le Monde publiée mardi, le ministre du Redressement productif épingle "l'austérité", "le système financier" et les paradis fiscaux… sans tirer sur le gouvernement, en tout cas directement. Morceaux choisis.
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L'austérité européenne, "vraie" responsable... L'affaire Cahuzac entraine-t-elle une crise du régime? "Je ne crois pas que nous en soyons là", répond Arnaud Montebourg, persuadé que la "vraie question" est ailleurs. Quelle est donc la "vraie question" ? "La politique d'austérité imposée par l'Europe est elle soutenue par nos concitoyens ?", s'interroge le ministre. Et de poursuivre : "la réponse est non". "L'austérité est rejetée par tous les peuples. S'il y a une crise de régime, c'est au niveau de l'Union européenne", tacle-t-il.
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… Mais pas le gouvernement. Arnaud Montebourg se refuse pourtant de critiquer François Hollande et son gouvernement, dont il fait partie. Son austérité à lui, est nécessaire. Celle de l'UE, dangereuse. "Le choix de l'austérité est pourtant assumé par M. Hollande", objecte ainsi le journal du soir au ministre interviewé. "Le gouvernement a fait des efforts sans précédents pour faire face à la montagne himalayenne de dettes que le sarkozysme nous a léguée", répond Arnaud Montebourg. Et d'en rajouter une couche sur l'austérité… de l'Europe : "le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux. Il est donc plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique qui conduit l'Union à la débâcle".
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Le "système financier", l'autre responsable… "Les hommes n'étant que les complices ou les victimes de ce système, il convient donc de s'attaquer à la sphère financière", argue le ministre dans l'interview, pour expliquer l'affaire Cahuzac. "Les défaillances graves d'un homme désormais placé devant sa conscience et la justice ne doivent pas masquer les défaillances politiques des dix dernières années qui ont conduit le système financier à poursuivre sa dérive", argue Arnaud Montebourg. Et de fustiger tour à tour les "établissements financiers qui organisent le blanchiment de fraude fiscale et la dissimulation des avoirs", la droite au pouvoir depuis 10 ans et sa politique "d'amnistie" des paradis fiscaux ou encore ces gouvernements européens qui maintiennent "les privilèges fiscaux de ceux qui disposent de boîtes noires".
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… Mais toujours pas le gouvernement. Arnaud Montebourg, épargne, sur ce sujet également, la gauche au pouvoir et François Hollande. Au sujet de la moralisation politique, "les décisions que le gouvernement s'apprête à prendre sont de nature à rétablir la confiance", assure le ministre. Quant à l'évasion fiscale, contrairement à la droite, "la gauche a préféré agir", martèle-t-il. "Des mesures ont été prises dès la loi de finances rectificative de juillet 2012", enchaîne, le ministre, assurant que le gouvernement cherche activement les "noms des dizaines de milliers de ressortissants français et d'entreprises logés dans les paradis fiscaux que la France doit obtenir". Arnaud Montebourg avoue, tout de même, à demi-mots, que la législation contre les paradis fiscaux pourrait être renforcée. Interrogé sur la future loi, préparée par la gauche, sur la séparation des activités bancaires, en cours d'examen au Parlement, Arnaud Montebourg se dit "personnellement favorable à ce qu'on aille beaucoup plus loin dans la réglementation des activités" offshore, sans plus de précision.