Arnaud Montebourg n’a pas eu de mots assez durs mardi sur Europe 1 envers les agences de notation, alors que Standard&Poor’s a dégradé la note française vendredi soir. "Pour moi, les agences de notation sont des charlatans", a résumé d’une formule le troisième homme de la primaire socialiste.
Les agences "cupides, charlatanesques" :
Pour le député de Saône-et-Loire, les agences "sont à l’origine de la grande escroquerie mondiale de la crise des subprimes, parce qu’elles ont noté AAA des produits qui étaient toxiques". Cette crise américaine a peu à peu gagné le monde pour aboutir à une crise économique et financière quasiment sans précédent à l’automne 2008. "Et maintenant, elles gagnent de l’argent sur le dos des Etats européens", a pesté l’élu socialiste.
Arnaud Montebourg a pointé la responsabilité de l’Europe dans cette situation. "Comment l’Union européenne, qui est la première puissance mondiale devant les Etats-Unis, a-t-elle pu se laisser faire et mener par le bout du nez qui n’ont aucune compétence ?", s’est-il interrogé, en en remettant une couche au passage sur les agences de notation. "Ce ne sont pas des experts", a-t-il martelé. "Ce sont des gens qui gagnent d’abord de l’argent, et qui préfèrent rentabiliser leurs analyses plutôt que de les rendre crédible. Les agences n’ont d’ailleurs aucune crédibilité."
"Dans la main du pouvoir financier"
Alors pourquoi attaquer le gouvernement sur la dégradation de la note française si celle-ci n’a pas d’importance ? "Le pouvoir actuel avait expliqué : ‘nous avons un objectif et une obligation : conserver le AAA’. Dès lors qu’on en fait l’alpha et l’oméga du discours électoral, il y a un moment où la contradiction doit surgir", a expliqué Arnaud Montebourg, avant d’attaquer : "la responsabilité du pouvoir actuel est de nous avoir mis dans la main du pouvoir financier."
Alors pour échapper désormais à l’influence des agences de notation, Arnaud Montebourg propose une solution radicale. "Il suffit d’interdire aux agents économiques français de faire usage des agences de notation et les priver de chiffres d’affaire", a-t-il expliqué. Car les agences sont financées par ceux-là même qu’elles notent. "Il faut accepter que l’évaluation des dettes publiques passe par une cour de comptes européennes, et non par des fonctions privées, cupides et charlatanesques que sont les agences de notation."