Il y a trois semaines encore, Arnaud Montebourg, 3e homme de la primaire socialiste, était absent du casting de campagne de François Hollande. Oublié de l’organigramme. Mais depuis le 14 mars et la montée en puissance, à gauche de la gauche, de Jean-Luc Mélenchon, l’élu de Saône-et-Loire, chantre de la démondialisation, a été intronisé "représentant spécial" du candidat socialiste à la présidentielle.
Désormais de tous les plateaux télé, Arnaud Montebourg profite de son retour en grâce pour jouer à fond son rôle "de trait d’union" entre PS et Front de gauche. Au passage, il s’octroie quelques libertés, dézinguant, par exemple, l’accord signé entre Europe Ecologie - Les Verts et le PS. A quoi sert ce "représentant spécial" ? Quel rôle espère-t-il jouer ? Retour sur le cas Montebourg.
Son retour en grâce - Il aura fallu que Nicolas Sarkozy lance une offensive pour séduire les Français du "non" et qu’une vague de sondages porte Jean-Luc Mélenchon à plus de 10% des intentions de vote, pour qu’Arnaud Montebourg, arrivé 3e à la primaire socialiste d'octobre, obtienne un rôle bien défini dans l’équipe de campagne de François Hollande. Le 14 mars dernier, il était ainsi érigé au rang de "représentant spécial" du candidat François Hollande, tandis qu'Aquilino Morelle, son directeur de campagne pour la primaire, accédait au titre d'adjoint de Pierre Moscovici, directeur de campagne. Depuis, le député de Saône-et-Loire a pour mission de courir au chevet de "la France qui souffre". Le Journal de Saône-et-Loire résume ainsi son rôle : il est "l’envoyé très spécial" de François Hollande "dans les entreprises en plein plan social". On l’a ainsi vu, en Savoie, auprès des salariés du géant minier Rio Tinto, et à Nice, promettre de "réarmer la République" contre la finance.
"Une inflexion à gauche"
Sa mission "trait d’union" - Chantre de la démondialisation et situé à la gauche de son parti, Arnaud Montebourg a aussi pour feuille de route de faire le lien avec le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, crédité de 12,5 à 14% des intentions de vote dans les sondages. "Les gauches ont une habitude de travail en commun depuis le Front populaire, François Mitterrand, Lionel Jospin", a-t-il ainsi martelé, jeudi matin sur Europe 1, laissant entendre qu’une alliance entre les deux partis est encore possible. "Il y a des éléments de programme qui sont communs à Hollande et Mélenchon", a-t-il renchéri, trois jours plus tard dans les colonnes du Journal du Dimanche. Cette inflexion à gauche n’est toutefois pas du goût de l'ensemble du camp Hollande. On se souvient, par exemple, du socialiste Jérôme Cahuzac, assurant que le programme du candidat socialiste serait à prendre ou à laisser pour Mélenchon.
Sa marotte perso - Seul hic au tableau : de retour sur les plateaux télé, Arnaud Montebourg ne résiste pas à donner son avis, même quand il sait qu’il n’est pas partagé par son équipe. Dimanche soir, sur BFM-TV, il a ainsi assuré qu'"il n'est pas écrit" qu'un "accord soit trouvé à ce jour" entre son parti et les écologistes pour les législatives de juin prochain, jugeant que cet accord "pose un certain nombre de problèmes". Le président du conseil général de Saône-et-Loire avait déjà protesté en janvier contre cet accord, à cause de conflits dans son propre département. Douze heures plus tard, le "représentant spécial" était recadré. Cet accord "n'est pas caduc", assurait, lundi matin, le porte-parole du PS, Benoît Hamon, tandis que le directeur de campagne de François Hollande Pierre Moscovici assurait, lui aussi, que cet accord serait respecté.