L'INFO. Son discours très offensif de Frangy-en-Bresse, dimanche dernier, a eu raison d'Arnaud Montebourg, évincé le lendemain du gouvernement. Cela faisait pourtant bien longtemps que l'ex-ministre de l'Economie ne se sentait plus en phase avec le chef de l'Etat. Un ouvrage* à paraître prochainement raconte à quel point le chantre du "made in France" avait la dent dure avec le chef de l'Etat, un homme "qui ment tout le temps".
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"Avec Hollande, on ne peut plus discuter." Le 27 juin 2014, lors d'un entretien avec l'auteur du livre, Arnaud Montebourg confie avoir "des rapports minimalistes avec le président de la République. Je me considère en cohabitation. Le président préside, mais nous, on fait", avant de préciser sa pensée : "Avec François Hollande, on ne peut plus discuter. Donc on ne discute plus. Ça ne sert à rien, les discussions avec lui sont inutiles. Sympathiques, mais inutiles. Depuis que je suis ministre de l'Economie, je ne vais plus discuter avec lui à l'Elysée. Je passe mon temps à Matignon. D'ailleurs, j'ai donné instruction à mes équipes de ne plus aller à l'Elysée".
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"Hollande ment tout le temps." Lors d'un autre entretien, le 25 octobre 2013, en plein cœur de l'affaire Léonarda, alors que Jean-Marc Ayrault est encore Premier ministre, Arnaud Montebourg estime que la réaction de l'exécutif est "une catastrophe. Ca ne va pas durer longtemps comme ça. Valls, Peillon... On en a tous marre, on a tous envie de se barrer... C'est plus possible, vraiment, c'est n'importe quoi... On laisse la porte ouverte au FN. On n'en peut plus, on est au bout. Cet amateurisme, c'est plus possible, ce n'est pas croyable". Encore une autre discussion, début janvier 2014 : "Hollande ment tout le temps. C'est pour ça qu'il est à 20% dans les sondages. Il ment. Il ment tout le temps. Depuis le début."
"Je lui dis tout mais il ne m'écoute pas." Une charge sévère, que le ministre répète dans un reportage qui lui est consacré dans "Envoyé spécial" sur France 2. "J'ai passé des soirées avec les gens pour leur expliquer dans quelle situation très difficile on était. C'est ce que devrait faire Hollande avec la France", lâche-t-il à la journaliste, avant de regretter que François Hollande "ne le fasse pas assez. Je lui dis tout mais il ne m'écoute pas. Ce n'est pas grave, il fait ce qu'il veut."
Montebourg ne veut pas "briguer de nouveau mandat". Virulent à l'égard de l'exécutif, l'ancien ministre va désormais devoir se trouver une place sur l'échiquier politique, lui qui n'est plus "que" conseiller général de Saône-et-Loire. Mais à en croire son interview accordée jeudi au journal de la Saône-et-Loire (JSL), l'ancien ministre ne souhaite pas "briguer de nouveau mandat". "Je dis à tous ceux qui ont beaucoup d'idées pour moi, ce dont je les remercie infiniment - que je ne souhaite pas continuer dans l'action publique telle que je l'ai menée jusqu'ici. J'ai une vision de l'engagement politique qui est personnelle et différente, elle peut passer par toute autre forme d'action et qui n'est pas forcément celle de l'exercice d'un mandat électif", a-t-il ajouté. Est-ce que cela veut dire qu'il fait l'impasse sur la prochaine élection présidentielle, alors qu'on lui prête cette ambition ? "2017, c'est loin."
*"Montebourg, moi président", par Valentin Spitz, Edition L'Archipel.