"Je fais partie de ceux qui lavent leur linge sale en famille. Donc, j’ai amené beaucoup de lessive. Parce que, moi, j’aime bien quand, après, les choses sont propres", a enragé, mercredi, Nadine Morano. Trois jours après sa défaite aux législatives en Meurthe-et-Moselle, l’ancienne ministre a réglé ses comptes avec François Fillon lors d’un bureau politique de l'UMP des plus houleux.
"Je n’entends pas recevoir de leçons par des élus qui ont des circonscriptions qu’on leur a données, quand on leur a tracé une route faite de pâquerettes et de gazon. Moi j’étais dans un champ de mines…", a-t-elle confié à l’issue de ce bureau. La scène qui s’était déroulée peu avant ces propos, dans un huis clos à l’Assemblée nationale, a été relatée par plusieurs élus présents..
"Certains en ont gros sur le coeur..."
Jean-François Copé a d’abord pris la parole : "Il faut que nos échanges soient francs et directs", a-t-il exhorté. Il a été servi.
"Il y a beaucoup de déception. Certains en ont gros sur le coeur et l'ont dit", a commencé l'ex-ministre Jeannette Bougrab.
Là, Nadine Morano a interpellé François Fillon en lisant notamment des articles de la presse lorraine qui reprenaient les sévères critiques formulées à son égard par l'ex-Premier ministre après son dialogue en sympathie avec un faux Louis Aliot, membre de la direction du FN dans un canular de l'imitateur Gérald Dahan.
"Moi je ne tire pas dans la nuque", a lancé Nadine Morano, jugeant que les critiques de François Fillon l'avaient "précipitée dans le ravin". Applaudie par la salle, elle a reçu le soutien de Jean-Marc Roubaud, lui-même défait dans le Gard. "Les leçons, vous pouvez les faire au coin des chaumières à Paris mais comptez plus sur nous en province ! Les suceurs de micros invétérés nous emmerdent", a-t-il lâché.
"Les suceurs de micros invétérés nous emmerdent"
François Baroin, qui avait lui aussi dénoncé les appels insistants de Nadine Morano au FN, a répliqué sèchement : "pendant 25 minutes, Nadine a expliqué sa défaite sans, à aucun moment, se remettre en question. Dans ma circonscription aussi, je connais la problématique d'un FN fort".
Assis au premier rang de la salle Colbert, François Fillon a répondu à Nadine Morano sans se retourner vers elle : "Ceux qui ont été battus, je comprends leur colère, leur souffrance. Si j'ai été mal compris, je le regrette".
"On a adopté une position ensemble, ce n'était pas exactement la mienne. Chacun sait que le ni-ni (ni Front national, ni gauche) n'est pas la meilleure solution pour moi, mais je me suis tenu à la position prise ensemble et j'attendais la même chose de tout le monde", a-t-il insisté. Interrogé par la presse, Jean-François Copé semblait ravi des difficultés de son rival. "Aujourd'hui, ça fait 2 à 0 pour Copé contre Fillon" dans le match pour l'UMP, jubilait un copéiste après la défaite de Xavier Bertrand face à Christian Jacob pour la présidence du groupe.
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