Le candidat centriste a indiqué qu’il se retirerait mi-mars s’il ne décollait pas dans les sondages.
Quand Hervé Morin est interrogé sur un plateau télévisé, les mauvais sondages le concernant sont immanquablement évoqués. Candidat à l’élection présidentielle depuis la fin novembre, l’ancien ministre de la Défense reste désespérément dans des scores d’intention de vote indigents, ne dépassant jamais les 1%. Le président du Nouveau Centre n’est d'ailleurs pas aidé par la pression exercée par les autres ténors de son parti, qui n’ont de cesse de l’appeler au retrait. Une hypothèse que le centriste a pour la première fois envisagé ouvertement vendredi.
"Un moment de recul et d’attention"
Hervé Morin a tout de même du mal à formuler cette possibilité. "Si je suis à 0,5% dans les sondages au 15 mars, au moment du dépôt des candidatures…", a-t-il débuté sur Canal Plus, avant de suspendre sa phrase. Puis de lâcher : "On peut avoir un moment de recul et d’attention". Outre un mauvais score, l’ancien ministre a évoqué un Front national trop fort, "une question sérieuse et importante" selon lui, qui pourrait aussi le pousser à se retirer.
Pour autant, Hervé Morin veut encore y croire. "Arrêtez de considérer que les sondages font l’élection", a-t-il affirmé. "Je suis candidat depuis un mois. Je suis un candidat neuf, je n’ai pas trois présidentielles derrière moi, je n’ai pas 20 ans de plateaux télé" a-t-il déclaré, expliquant ses mauvais scores par un déficit de notoriété, alors qu’il fut, de mai 2007 à novembre 2010, ministre de la Défense.
La peur du "ridicule"
Mais l’homme pense encore pouvoir renverser la tendance. "Les Français ne sont pas encore dans la campagne", a-t-il estimé. "En plus, les même sondeurs qui me donnent 1% disent que 60% des Français interrogés peuvent encore changer d’avis", a déclaré celui qui "veut donner un choix à la majorité".
Mi-combattif, mi-résigné donc. Voilà qui ne satisfera qu’à moitié les partisans de son retrait, dont les membres les plus actifs se trouvent au sein du Nouveau centre. Cette candidature "engage notre mouvement avant même que nous ayons pu avoir un débat sur notre stratégie collective", ont récemment dénoncé dans un courrier les ministres François Sauvadet (Fonction publique), Maurice Leroy (Ville), ainsi que Jean-Christophe Lagarde (président exécutif du NC). "Force est de constater qu'Hervé Morin reste scotché dans les sondages entre 0 et 1%", jugent ces caciques du parti en laissant planer le spectre "du ridicule", avec à la clé, l'impossibilité de négocier "un contrat de législature avec qui que ce soit".