Quelques minutes après la déclaration officielle de candidature d’Hervé Morin à l’élection présidentielle, au pied du Pont de Normandie, 17 parlementaires du Nouveau centre ont annoncé leur soutien au président de leur parti. C’est peu. Car au total, seuls 9 députés NC sur 24, 6 sénateurs sur 12 et 2 députés européens sur 3 se sont ralliés à leur leader. C’est le signe que la décision de l’ancien ministre de la Défense ne plaît pas franchement, à droite, et jusque dans son propre camp.
Deux ministres du Nouveau centre, François Sauvadet, à la Fonction publique, et Maurice Leroy, à la Ville, avaient déjà publiquement désapprouvé cette candidature avant même son officialisation. Dimanche, la charge est venue de Jean-Christophe Lagarde, numéro 2 du parti centriste. "Finalement, en regardant les images du Pont de Normandie, ce qui est marquant, c'est l'absence de plus de la moitié des parlementaires du NC et des trois-quarts des députés du parti", a confié le député de Seine-Saint-Denis. "Quant aux quinze parlementaires d'autres mouvements qui étaient annoncés, je ne les ai pas vus", a-t-il ajouté. "Tout cela est plus qu'inquiétant pour le Nouveau centre", a-t-il conclu.
Copé brandit le "21 avril à l’envers"
Plus diplomate mais guère plus enthousiaste, Yvan Lachaud, chef de file des députés NC, a salué la "détermination" d’Hervé Morin, tout en relevant que "si nous ne sommes pas tous d'accord sur la stratégie à mener, nous sommes en revanche tous d'accord sur les deux objectifs à atteindre : faire en sorte que la droite et le centre conservent la majorité présidentielle". Et de conclure : "je fais confiance à Hervé Morin pour faire les meilleurs choix pour le centre et la majorité présidentielle dans les mois à venir". A bon entendeur...
A l’UMP, l’accueil est tout aussi glacial. Jean-François Copé, qui pense que l’élection présidentielle se jouera entre trois pôles : la gauche, l’UMP et l’extrême droite, a estimé sur Radio J qu’il n’y avait "pas beaucoup de place pour le centre". Le secrétaire général de l’UMP s’est fait plus précis dans la menace. Dans "un contexte de crise, il est tout à fait imaginable qu'un certain nombre de Français expriment leur inquiétude en votant pour l'extrême droite. Je souhaite donc que toute notre famille politique soit rassemblée pour éviter à tout prix le risque d'un 21 avril à l'envers", a-t-il lancé.
Confronté à la concurrence du presque candidat François Bayrou au centre, décrié dans son parti et par ses partenaires de l’UMP, Hervé Morin doit se préparer à une campagne difficile.