Et si les Nantais votaient deux fois pour les municipales de 2014 ? La question peut paraître étrange, mais elle se pose car, depuis 1989, le maire de la ville de Loire-Atlantique a toujours été élu dès le premier tour. Et ce maire, c’était à chaque fois Jean-Marc Ayrault. Ce dernier étant occupé par ailleurs, il ne briguera évidemment pas la mairie lors des municipales de mars 2014. Du coup, à Nantes, où le train Europe 1 des municipales s’arrête mardi soir, une page va se tourner, même si la gauche part encore largement favorite. Et ce sont des femmes, trentenaires, qui vont écrire cette nouvelle page. Présentation.
Johanna Rolland, l’héritière. Pour elle, la première difficulté, c’est de s’affranchir de la tutelle encombrante de Jean-Marc Ayrault, qui l’a adoubée et dont elle fut l’attachée parlementaire. A 35 ans, la candidate socialiste se présente surtout comme le symbole d’un changement de génération. "La responsabilité de ma génération, ce n’est pas uniquement de gérer les acquis", explique la jeune femme à Europe 1. "La crise fait qu’on est dans un moment de mutation et qu’on a de nouvelles réponses à inventer. Dans cette campagne, par exemple, on s’organise avec à peu près la moitié de gens de la société civile. Pour moi, c’est aussi important d’aller chercher celles et ceux qui ne croient plus en la politique", poursuit celle qui est la grande favorite de l’élection.
Laurence Garnier, la challenger. A droite, c’est Laurence Garnier qui s’y colle. La jeune femme, 35 ans, a été désignée par l'UMP au terme d’un processus long et douloureux pour la droite, qui n’avait sans doute pas besoin de ça à Nantes. Cette conseillère municipale, élue depuis 2008, a bien fait l’union à droite, de l’UDI au Parti Chrétien-démocrate, mais la mission s’annonce tout de même impossible. Alors son angle d’attaque est simple : critiquer, via son adversaire, le Premier ministre, pas franchement en odeur de sainteté dans les sondages.
"Je pense que (Johanna Rolland, ndlr) est l’héritière, la dauphine. Elle a été désignée par Jean-Marc Ayrault pour poursuivre le système qu’il a initié et la politique qu’il a menée pendant toutes ces années", affirme ainsi Laurence Garnier à Europe 1. "C’est certainement aussi une manière pour lui de garder la main, de ne pas rester pas trop loin de la politique nantaise, évidemment. Je crois que les Nantais n’en peuvent plus d’entendre ça", veut-elle croire. Autre problème pour la droite : le manque de réserve de voix. Selon un sondage confidentiel mais relayé par L’Express, la liste de droite arriverait bel et bien en tête au premier tour, avec 38% des voix, devant le PS (36%) et les verts (15%). Mais avec quasiment aucune chance d’améliorer son score au second tour.
Pascale Chiron, l’arbitre. Elle est la troisième trentenaire de cette élection. A 39 ans, Pascale Chiron symbolise la volonté des écologistes de prendre leur autonomie, une première depuis 1995. Une volonté validée par 94% des écologistes locaux. L’actuelle adjointe au maire de Nantes, et vice-présidente de Nantes métropole, veut mesurer le poids de son parti à Nantes. Avant très probablement de s’unir avec les socialistes entre les deux tours.
L’exception FN. Mais il n’y aura pas que des jeunes femmes parmi les candidats des grands partis. Côté FN, c’est en effet Christian Bouchet, 58 ans, qui part au combat. L’homme a un passé idéologique chargé. Ancien de Troisième Voie, Nouvelle Résistante et Unité Radicale, qu’il eut la bonne idée de quitter juste avant la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie, il a également animé l’aile radicale du déjà très radical Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret. A Nantes, son objectif sera de dépasser les 10% pour se maintenir au second tour. Et ainsi définitivement précipiter la défaite de Laurence Garnier au profit, probablement, de Johanna Roland.
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