Contexte. Le second tour des élections municipales approche. Profusion des médias oblige, on aura beaucoup entendu les candidats… mais séparément. Ils sont en effet nombreux à avoir refusé de débattre avec leurs adversaires, que ce soit à Dinard - "c'est trop tard", a rétorqué la tête de liste -, à Marmande - "le temps du débat est passé", a estimé le favori UMP - , ou encore à La Chaize-le-Vicomte, à Audresselles, à Lanvollon ou au Perreux-sur-Marne. Liste non exhaustive.
Le dernier exemple en date, c’est Jean-Claude Gaudin, qui a refusé de débattre avec ses adversaires, assimilés à "des pieds nickelés". "Pourquoi voulez-vous que je fasse un débat avec Mennucci et Ravier ? L'un, je le distance de 14 points, et l'autre de 17 points", s’est-il faussement interrogé. Et le maire sortant de Marseille est (très) loin d’être un cas isolé. Ce qui a eu le don d’agacer Daniel Cohn-Bendit, qui en a fait son coup de gueule du jour sur Europe 1.
"Ce qui est incroyable, c’est la haine et le mépris des candidats l’un pour l’autre. La déclaration de Jean-Claude Gaudin n’en est qu’un exemple, mais quand on voit le comportement de NKM et Hidalgo, on sent très bien qu’ils ne s’aiment pas", a lancé l’eurodéputé jeudi matin, dans sa chronique quotidienne sur Europe 1.
"Je comprends que Gaudin refuse de débattre, il n’y a aucun intérêt". Pierre Bréchon, politologue contacté par Europe1.fr, ne voit ni "haine" ni "mépris" dans l’attitude de Gaudin, mais plutôt de la stratégie pure et dure : "Gaudin a une bonne avance, donc sa position tient en une phrase : pourquoi prendre des risques ?" Et si Anne Hidalgo a longtemps refusé de débattre avec NKM, ce serait pour les mêmes raisons. Accepter ou refuser un débat tiendrait donc uniquement des circonstances. "Je comprends que Gaudin refuse de débattre, il n’y a aucun intérêt. Ce qui est globalement vrai pour tous les maires sortants", confirme Thierry Saussez, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, pour qui Anne Hidalgo a longtemps refusé d’affronter NKM car "elle ne voulait pas la mettre en avant".
Des explications qui ne convainquent pas Daniel Cohn-Bendit. "Ce que je ne comprends pas, c’est que les élections municipales ne sont pas une élection intermédiaire. C’est une élection fondamentale ! Cela concerne la vie des citoyens, tous les jours. Donc ce qui serait intéressant, c’est que les candidats expliquent leur programme. Par exemple, en matière de sécurité, Anne Hidalgo veut que ce soit l’Etat qui en soit responsable à Paris, quand NKM veut une police municipale. Derrière cela, il y a un problème de budget : si ce n’est pas l’Etat qui paye, c’est la ville. C’est un vrai débat et on n’a pas besoin de se haïr en étant pour l’un ou pour l’autre", a encore lancé "Dany le Rouge".
"Les politiques ont toujours le dernier mot". L’écologiste avance même une explication à ce qui ressemble à une nouvelle tendance : "tous les politiques, quand ils partent en campagne, ont un communicant. Et ces communicants définissent une posture, non un contenu. Les candidats, quand ils vont dans les médias, souhaitent donc dérouler leur posture. Le débat les dérange parce que cela la remet en question."
La faute aux professionnels de la com’ plutôt qu’aux politiques eux-mêmes ? Europe1.fr a sondé Thierry Saussez, l’un des papes du secteur, avec plus de 500 campagnes à son actif, dont celles de Jacques Chirac, Édouard Balladur, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. "Quand tout va bien, c’est grâce aux élus. Quand tout va mal, c’est de la faute des communicants", s’amuse d’abord l’ancien patron du Service d’information du gouvernement sous Nicolas Sarkozy, avant d’assurer plus sérieusement que "les politiques ont toujours le dernier mot". Le politologue Pierre Bréchon ne le contredit pas, expliquant qu’un débat peut parfois s’avérer contre-productif et que, dans ce cas là, "un communicant peut conseiller à un politique de l’éviter, mais cela ne veut pas dire que c’est lui qui l’a décidé ! Il y a beaucoup de politiques qui n’écoutent qu’eux-mêmes…"
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