Querelle (politique) de famille. Pas sûr qu'ils passent Noël ensemble. Deux cousins germains, Joël, 50 ans, et Michel Marivain, 49 ans, se disputent tous les deux le même fauteuil. Il ne s’agit pas là de l’héritage d’un vieil oncle décédé, mais du fauteuil de maire de Kerfourn, petite commune de 860 âmes, dans le Morbihan, en Bretagne. Le premier est déjà maire (sans étiquette) depuis 2008 et entend bien le rester. Le second, conseiller municipal depuis cinq ans, sans étiquette également, "n’aime pas sa manière de procéder " et entend bien le faire tomber, de ce fauteuil. Sans tomber dans les coups bas en revanche, les deux ex-compères de bac à sable ont tout de même sorti les piques.
>> Comment en est-on arrivé là ? Récit.
"Ils faisaient des châteaux de sable ensemble". Au café, chez Marie-Jo, c'est le sujet de conversation à la Une. Les habitants croisés par Europe1 ont même donné un nom au feuilleton : "la guerre des cousins". "Pour l'instant on rigole bien. C'est rare, des cousins qui vont se battre. Avant, ils faisaient des châteaux de sable, ils grimpaient aux arbres ensemble, et maintenant ils se battent pour être maire. C'est extraordinaire, ça va être une bataille", raconte au micro d’Europe1 un habitant qui les connait bien. Les deux ex-gamins de la même école primaire, qui "cueillaient des pommes de terre ensemble" dans la ferme des parents de Michel, sont devenus rivaux, et se sont éloignés. Les réunions de famille sont devenues rares. Et "en vacances, même si Joël me les payent, disons qu'on ferait chambre à part", confie Michel au micro d’Europe1.
Comment la guerre a éclaté. La bataille a commencé en 2008. Les deux cousins s’inscrivent, au départ, sur la même liste, derrière un adjoint sortant. Mais ce dernier n’est pas élu. Les cousins, oui. Les conseillers municipaux élisent alors Joël comme maire avec huit voix contre… sept pour son cousin. Face à la politique menée par Joël, Michel décide alors de rentrer dans l’opposition. "On n’a pas du tout la même conception de la gestion communale. Joël est fermé aux débats. Je préfère donc voir deux équipes face à face plutôt qu’une seule dans laquelle tout le monde ne tire pas du même côté", s’est expliqué Michel mercredi, cité par Le Parisien. Joël, lui, estime son cousin pas assez pragmatique. "Avec Michel, on n’a pas les mêmes points de vue. Il n’était pas d’accord quand on a vendu des terrains (communaux), mais c’est ce qui nous a permis de ne pas augmenter les impôts", explique-t-il au quotidien.
Eviter les coups bas, pour la famille. Malgré les querelles, les deux hommes restent sur le terrain des arguments et non celui des petites phrases. Pas question, par exemple, de ressortir des vieux secrets de famille pour plomber l’adversaire. "Ce serait ridicule et stupide. J'aurais du mal à me regarder dans la glace", confie Joël jeudi, au micro d’Europe1. Les deux adversaires ont le souci de respecter la famille. Les mères des cousins Marivain, belles-sœurs, se côtoient régulièrement et s’apprécient. "La famille a une certaine réticence, obligatoirement. Ma mère et la mère de Joël s'entendent bien. C'est difficile pour elles d'accepter les conflits", reconnaît Michel sur Europe1. En attendant, tout le monde le reconnaît, les réunions de famille deviendront rarissimes, au moins jusqu'au 30 mars, date du second tour des municipales.