Qu’il semble loin, le temps où Marine Le Pen plastronnait avec ses 800 têtes de listes investies pour les municipales, alors que les sondages portaient la présidente du Front national aux nues. Aujourd’hui, les études d’opinion sont moins glorieuses et surtout, le parti peine à constituer ses listes. Du terrain, remontent les difficultés qu’ont les candidats à rallier suffisamment de noms derrière eux.
800 têtes de listes pour… 500 listes. A la mi-novembre, le Front national avait accueilli en grande pompe ses têtes de listes pour un week-end de formation très médiatique. A l’époque, 770 candidats s’étaient rendus à la convention du parti pour les municipales. Las, tous ne pourront pas se présenter, en tout cas pas comme tête de liste. "J'espère atteindre les 500 listes", a ainsi lâché Marine Le Pen le 13 janvier dernier sur RTL. Certaines têtes de liste devront donc probablement renoncer. Et au final, selon un calcul du Monde, le FN devrait, au maximum, être présent que dans 16,6% des 3.000 communes de plus de 3.500 habitants. Un peu faible pour la formation qui se revendique comme "le premier parti de France".
120 listes complètes seulement. "C’est vieux comme le monde", répond Florian Philippot, vice-président du FN, joint par Europe1.fr. "Dans les autres partis aussi, il y a souvent une différence entre le nombre de têtes de liste et le nombre de listes au final." Mais dans les autres formations, cette différence s’explique principalement par les jeux d'alliances souvent postérieurs aux investitures. Or, le FN n’a, lui, aucun allié politique. La différence s’explique donc les difficultés sur le terrain. Actuellement, selon des comptes de France Info datant du 7 janvier, seules 120 listes sont complètes, et 200 autres sont constituées à 80%. Il reste donc encore du travail pour atteindre les 500 listes. Rappelons que la date limite du dépôt des listes est fixée au 6 mars, à 18 heures.
Des difficultés sur le terrain. Et localement, les premiers jets d’éponge fleurissent. Dans la Loire, l’objectif initial était de constituer une trentaine de listes. Au final, il n’y en aura maximum dix, a admis Sophie Robert, secrétaire départementale du FN, au Progrès. Le cas de Patrick Sokolowski, à Bellegarde, dans l’Ain, est lui aussi symptomatique des difficultés rencontrées localement par les candidats du FN ou du Rassemblement Bleu marine, son émanation moins sulfureuse. "J’ai subi beaucoup de désistements, il y a encore un tabou FN. Certains ont peur de ce que peut dire leur voisin", explique au Dauphiné Libéré le candidat, qui revendique 21 noms sur les 33 nécessaires.
Un bon chiffre malgré tout. Malgré ces difficultés, le Front national pourra tout de même se targuer de présenter un nombre de listes très important pour lui. "Tout ce que je peux dire, c’est que le Front national aura plus de listes qu’il n’en a jamais eu", élude ainsi Florian Philippot. Ce n'est pas tout à fait vrai, puisqu'en 1995, l'année référence pour lui en termes de municipales, le FN avait présenté près de 600 candidats. Mais il y a six ans, en 2008, seuls 82 candidats étiquetés FN s’étaient présentés devant les Français. En outre, même avec 500 listes, l’objectif fixé de 1.000 conseillers municipaux frontistes reste largement atteignable.
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