Jean-François Copé le soutenait encore en novembre dernier, sur Europe1 : "les conditions sont encore réunies pour une vague bleue aux municipales." Mais, comme le souligne Le Monde de vendredi, il se "refuse désormais à prédire" la couleur de l'écume. Et pour cause, malgré les déboires du PS au niveau national, la flotte rose risque de ne pas tant reculer que ça dans ses forteresses locales.
Le PS a beaucoup à perdre mais... Au premier abord, on pourrait apercevoir une vague bleue à l'horizon. Le parti socialiste a perdu sept élections législatives partielles depuis l'élection de François Hollande, n'arrivant pas toujours au second tour. Et l'exécutif, dont les deux têtes principales, François Hollande et Jean-Marc Ayrault, stagnent en dessous de la barre des 20% de popularité, n'est pas en mesure de porter le PS vers le haut. Or, l'enjeu est de taille et les socialistes ont beaucoup à perdre. Le PS est le premier parti municipal de France, avec 3.100 maires contre 2.600 pour l'UMP (en excluant les sans-étiquettes, auxquels nous avons consacré un sujet ici). Et il détient la grande majorité des villes de plus de 100.000 habitants, à commencer par Paris.
… Le local, ce n'est pas le national. Toutefois, les politiques menées par les maires socialistes ne souffrent pas du même discrédit que celle de François Hollande et son gouvernement. "Il sera compliqué de déloger des maires de gauche, au profil social-démocrate, ayant un bon bilan", admet ainsi un ex-ministre de Nicolas Sarkozy, cité par Le Monde. Et c'est sur ce bilan, plutôt que sur leur étiquette politique, que les maires vont faire campagne. "Dans les petites communes, les maires sortants mettent en avant leur bilan et leur image plutôt que celle d'un parti", décryptait récemment pour Europe1.fr Paul Bacot, professeur de sciences politiques.
Les sondages, d'ailleurs, ne prédisent pas de vagues bleues. Le Parti socialiste et le bloc de droite (UMP et centre droit) sont au coude-à-coude, avec chacun 29 % d'électeurs potentiels, selon un sondage BVA publié le 25 novembre. Et dans des fiefs comme Lyon, Lille, Dijon, Rennes ou même Nantes, cher à Jean-Marc Ayrault, le PS est déjà donné largement gagnant.
Des triangulaires attendues par légion. D'un autre côté, le PS jouit du manque d'attractivité de l'UMP, qui reste son principal concurrent. Seul un quart des Français pensent que l'UMP ferait mieux que la gauche si elle était au pouvoir. Et le parti de Jean-François Copé et François Fillon risque d'être violemment attaqué sur sa droite. Pas moins de 42% des Français disent qu'ils n'excluent pas de voter FN aux municipales, selon un sondage publié fin novembre par l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et réalisé par l'institut Polling Vox. Or, aux municipales, il suffit qu'une liste obtienne 10% des suffrages exprimés pour se maintenir au second tour. Les triangulaires susceptibles de diviser les voix de droite entre UMP et FN risquent donc fort de se multiplier.
Quelques forteresses menacées à gauche... L’UMP espère tout de même prendre au PS une quinzaine de villes de plus de 30.000 habitants. Selon les sondages, des mairies comme celle de Reims, Angers, Auxerre, Saint-Etienne, Valence ou encore Strasbourg peuvent être gagnées par la droite dite "républicaine". Et la question de Paris est loin d'être tranchée, même si les études et le mode de scrutin semblent plutôt favoriser la dauphine de Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo. Quant au FN, il a bon espoir de ravir à la gauche des petites villes de PACA et du Nord, à commencer par Hénin- Beaumont, ou même Forbach, en Moselle, où se présente Florian Philippot, le vice-président.
… Tout comme à droite. Mais le PS n'a pas non plus que des villes à perdre, dans ces élections. Une dizaine de villes moyennes, comme Calais, Bourges, Bayonne mais aussi Avignon ou Aix-en-Provence, authentiques terres de droite, sont présentées dans les sondages comme gagnables, notamment grâce aux triangulaires. Et il reste, bien entendu, la très cruciale question de Marseille. Critiqué pour son âge (74 ans), le maire UMP sortant, Jean-Claude Gaudin, ne jouit pas d'un bilan exempt de tout reproche, tant au niveau sécuritaire, économique que sanitaire. Et selon un sondage BVA publié le 18 novembre, la liste conduite par le socialiste Patrick Mennucci obtiendrait 41% des voix, devançant d'une courte tête Jean-Claude Gaudin (40%). Et même si elle gagnait plusieurs villes moyennes, la perte de la deuxième ville de France risque d'être difficile à encaisser pour la droite.