Municipales : le Front républicain, ça a marché moyen

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DÉCRYPTAGE - Le retrait de candidats n’a pas toujours permis de faire barrage au FN. Retour sur les enseignements du second tour du scrutin des élections municipales 2014.

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Les élections municipales de 2014 auront peut-être marqué la mort du Front républicain. Ou au moins un coup d’arrêt à ce dispositif qui consiste, pour les candidats d’un parti républicain à se retirer quand la victoire semble impossible et que le risque d’élection d’un candidat Front national est réel. Comme depuis 2008, la droite a annoncé dans l'entre-deux tours qu’elle ne jouerait pas le jeu, portant déjà un coup quasi-fatal au Front républicain. Pire, l’étude des résultats de dimanche soir montre que le système est d’une relative inefficacité. Démonstration.

>>> Avec un Front Républicain

Ici, les digues ont tenu… Le premier enseignement, c’est que la présence d’un Front républicain n'aboutit pas forcément à une défaite du Front national. Certes, sur la dizaine de cas recensés, six ont abouti à la déroute de l’extrême droite. Et pas n’importe quelles défaites. Louis Aliot (photo) à Perpignanet Gilbert Collard à Saint-Gilles, deux des principales personnalités du FN, ont ainsi fait les frais du Front républicain alors même qu’elles étaient arrivées en tête au premier tour. Un barrage qui s’est aussi avéré efficace à Digne-les-Bains, à Brignoles, à Valréasou encore à Tarascon. Avec une particularité dans cette dernière ville, où un candidat de droite avait décidé de se retirer, certes pour une autre candidate de droite, mais surtout au nom de "l’ordre républicain". Un cas unique en France.

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…Là, elles ont lâché. Mais dans quatre autres communes, le retrait de telle ou telle liste aura été vain. A Fréjus, la socialiste Elsa Di Meo s’était retirée à contrecoeur, mais la présence de deux listes de droite au second tour a abouti à la victoire du FN David Rachline, 26 ans, avec 45,55% des voix. Situation quasi identique au Pontet, dans le Vaucluse. La liste d’Union de la gauche de Miliani Makhechouche s’était retirée, mais le maintien de deux listes de droite ont favorisé la victoire du frontiste Joris Hebrard. Avec sept petites voix d’avance sur la liste arrivée en deuxième position.

Dans ces deux derniers cas, la gauche peut donc accuser la droite d’avoir fait gagner le FN. Pas au Luc, dans le Var. Le candidat FN Philippe De La Grange était arrivé en tête avec 36,94% des voix, mais restait à portée de la candidate de la droite, Dominique Lain. Ce qui n’a pas empêché le candidat divers gauche Ali Torchi de se maintenir. Le marie sortant André Raufast, également de gauche, s’est lui retiré, mais après le dépôt officiel des listes. L’homme a donc recueilli 40 voix, à son corps défendant. Peu ou prou ce qu’il a manqué à Dominique Lain pour s’imposer face au FN, finalement vainqueur de 51 voix (42,02% contre 40,92% à la droite).

Enfin à Cogolin, dans le Var toujours, le Front républicain était en place et il a perdu. Le frontiste Marc-Etienne Lansade n’avait en face de lui dimanche soir qu’une liste de droite, celle de Jacques Sénéquier, qui avait fusionné avec la liste UMP entre les deux tours. Le candidat de gauche, Francis Jose-Maria, s’était lui retiré, malgré un score proche des 20% au premier tour. Mais rien n’y a fait. C’est le candidat frontiste, qui s’est imposé, et avec la manière en plus (53,1% contre 46,9%)

Le bilan. Sur les dix candidats frontistes concernés par le Front républicain, six se sont inclinés, mais quatre ont réussi malgré tout à se faire élire. Le bilan est donc tout juste positif.

>>> Et sans Front républicain ?

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Un boulevard pour le FN… Certaines élections de maires FN auraient largement pu être évitées. A Béziers, le maintien du candidat socialiste Jean-Michel du Plaa a sans aucun doute favorisé la victoire de son "ami", le frontiste Robert Ménard, avec 47% des voix. A Hayange, en Gironde, le candidat PS n’avait que peu de chances de l’emporter, avec ses 19,2% du premier tour. Philippe David s’est pourtant maintenu, ce qui a abouti à l’élection, avec 34,7% des voix seulement, de Fabien Engelmann, l’ancien syndicaliste CGT passé au FN, devant le candidat de droite, Thierry Rohr (28,32%). La gauche est elle bonne troisième avec 27,23% des suffrages.

Plus compliqué est le cas du 7e secteur de Marseille. Certes, le FN Stéphane Ravier était arrivé en tête du premier tour. Mais le candidat du PS Garo Hovsepian, maire du territoire phocéen depuis 1998, conservait tout de même quelques chances de l’emporter. Pari perdu. C’est bien le candidat frontiste qui s’est imposé, avec 35,33 % des voix, contre 32,51% à la gauche et 32,14% à la droite. La situation était à peu près similaire dans la petite commune de Camaret-sur-Aigues, dans le Vaucluse. A l’issue du premier tour, droite et gauche pouvaient espérer l’emporter face au FN. Mais c’est finalement le candidat d’extrême droite Philippe de Beauregard qui s’est imposé avec 36,61% des voix.

Si, dans ces trois cas, la gauche peut s’en vouloir, à Beaucaireet à Mantes-la-Ville, nouvelles villes frontistes, la responsabilité incombe à la droite. Certes, dans la commune du Gard, le PS Claude Dubois a décidé de se maintenir, mais ses faibles scores, au premier (12,07%) comme au second tour (6,85%) n’ont pas été décisifs. En revanche, le maintien de deux listes de droite, qui ont remporté à elles deux 53,3% des suffrages dimanche soir, a abouti à l’élection du frontiste Julien Sanchez qui, avec 39,81%, n’en demandait sans doute pas tant.

Enfin à Mantes-la-Ville, première commune d’Ile-de-France à tomber dans l’escarcelle du Front national, le désistement de la droite aurait sans doute pu faire gagner la gauche face au futur maire frontiste Cyril Nauth. Ce dernier ne s’est imposé qu’avec 30,26% des voix, contre 29,35% à la candidate socialiste Monique Brochot et 28,29% à la liste divers gauche emmenée par Annette Peulvast-Bergeal. Unie, la gauche l’aurait emporté sans sourciller.

FORBACH Florian Philippot FN

…Ou une impasse. Cela dit, une absence de Front républicain ne signifie pas forcément victoire du Front national. Florian Philippot peut en témoigner. A Forbach, le vice-président du Front national, arrivé en tête au premier tour, espérait bien l’emporter à la faveur d’une quadrangulaire. Mais c’est finalement le maire sortant socialiste Laurent Kalinowski qui s’est imposé avec 47% des voix. Le fait notable, c’est que les deux listes de droite qui s’étaient maintenues ont vu leur score baisser de manière significative. Comme si les électeurs avaient eux-mêmes appliqué le front républicain. C’est aussi le cas à Avignon, où l’UMP Bernard Chaussegros a perdu trois points entre les deux tours, quand la candidate socialiste, Cécile Helle, en gagnait 17. Ce qui lui a permis de battre le FN Philippe Lottiaux.

Il est des communes, enfin, où le FN ne pesait pas assez pour l’emporter, malgré des circonstances favorables. A Cluses, en Haute-Savoie, face à deux listes de droite et une liste de gauche, Dominique Martin a remporté 37,22% des suffrages. Insuffisant face au 41,19% de Jean-Louis Mivel, divers droite. La défaite est plus nette encore pour le FN à Cavaillon, dans le Vaucluse. Pris dans une triangulaire, Thibault De la Tocnaye a recueilli 36,45% des suffrages, loin des 50,64 du divers droite Jean-Claude Bouchet. La présence d’Olivier Florens, candidat de gauche, et donc l’absence de Front républicain, n’y aura rien fait.

Le bilan. Dix villes ont snobé le Front républicain, ce qui a abouti à six victoires frontistes et quatre défaites. Preuve qu’un candidat Front national peut aussi être battu sans alliance contre lui.

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