L’INFO. Plus que deux jours avant la clôture les listes pour le premier tour des élections municipales. A l’approche de cette date butoir, les syndicats examinent à la loupe la composition des listes, notamment celles déposées par le Front national. En 2011, déjà, à l'occasion des élections cantonales, plusieurs militants syndicaux avaient franchi le Rubicon, ce qui leur avait valu dans la foulée une exclusion. Cette année, les syndicats veillent donc au grain, comme le révèle une enquête d’Europe 1.
"Ce n'est pas une chasse aux sorcières". La CFDT a déjà identifié deux militants dans ses rangs passés au FN. L'un à Saumur (délégué syndical), l'autre en Ardèche (élu d'un Comité d'entreprise). Tous deux ont annoncé leur candidature sur une liste FN. Conséquence directe : ils font du coup l'objet d'une procédure d'exclusion. "Ce n'est pas une chasse aux sorcières. C'est simplement la conséquence d'une incompatibilité", se défend Jean-Louis Malys, membre de la direction de la CFDT, au micro d’Europe 1 : "ce qu’on ne peut pas accepter, c’est l’affichage, que quelqu’un puisse dire : ‘je suis CFDT et je défends les idées du FN’. Soit on respecte les valeurs de la CFDT, son histoire, sa mission syndicale qui est de refuser les discriminations. Soit on approuve les idées du FN et alors il n’y a plus de compatibilité possible."
"Ça rencontre un écho dans les rangs syndicaux". La CGT, elle aussi, a engagé pour les mêmes raisons une procédure d'exclusion à l'encontre de trois de ses militants. Ce sont un pompier d'Ille-et-Vilaine, un intérimaire dans une entreprise de métallurgie de Seine-Maritime et un salarié du transport dans le Puy-de-Dôme qui sont concernés. Le premier a d'ailleurs été exclu mardi. "Monsieur David Bannier n'est plus adhérent à la CGT", a indiqué le syndicat dans un communiqué.
"Ayant toujours voté à gauche, je suis aujourd'hui déçu du Parti socialiste qui s'est rallié à l'ultralibéralisme destructeur de nos emplois de nos avantages sociaux", avait expliqué le pompier lors de sa candidature sur la liste du du FN à Fougères.
Les autres centrales sont également très vigilantes. D'autant qu'avec la crise, le FN joue sur le registre de la misère sociale et du "tous-pourris". Et "forcément, ça rencontre un écho dans les rangs syndicaux", reconnaît Joseph Thouvenel de la CFTC, qui l’a reconnu sur Europe 1 mardi matin : "Quand un mouvement fait, 10,12 ou 15 % de l’électorat, il est logique que dans une organisation de 140.000 adhérents, on retrouve des gens proches. Cela peut être une chance pour expliquer à ces personnes que l’autre n’est pas un danger car tous les jours on milite ensemble."
Tant qu'il s'agit d'individus qui n'affichent pas leur engagement politique, la tolérance prend le dessus, d’autant que les syndicats n'ont pas les moyens de leur fermer la porte. Le risque, c'est plutôt celui d'une infiltration organisée. Un risque semble-t-il assez faible aujourd'hui, mais les syndicats ont l’œil.
REPORTAGE - Le syndicaliste du FN reçu par la CGT