Elles sont femmes, jeunes et élégantes. "Parisiennes", diraient les clichés. Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet s’affrontent pour conquérir la mairie de Paris. Laquelle en a le plus envie ? Qui en a le plus le profil ? Qu’en pensent les Parisiens ?
Leur lien avec Paris. La candidate socialiste est élue de la capitale depuis 12 ans : elle a été élue conseillère d'arrondissement dans le 15e dès 2001 et est entrée la même année au Conseil de Paris, où elle est devenue la première adjointe de l'édile, chargée de l'égalité Homme/Femme et du Bureau des Temps. Un bémol tout de même à son implantation parisienne : elle a échoué deux fois aux élections législatives, en 2002 contre Edouard Balladur dans la 12e circonscription de la capitale, et en 2007 contre Jean-François Lamour dans la 13e circonscription. "Mais NKM est une parachutée car élue de l’Essonne", attaque son équipe de campagne.
Alors, parachutée NKM ? "Si c'est un parachutage, c'est avec un Passe Navigo", se marre dès le début de sa campagne. Une manière de rappeler que Longjumeau, dont elle était maire depuis 2008, n’est qu’à 18 kilomètres de Paris. Et si Anne Hidalgo continue à l’attaquer sur ce registre, NKM aura beau jeu de lui rappeler que, elle, est née dans le 15e arrondissement de Paris. Quand la socialiste a vu le jour en Espagne et a grandi à Lyon…
Leur ambition politique à Paris. Sa candidature à Paris, qu’elle annonce le jour de la Saint-Valentin - quand on aime…- est décrite par ses adversaires comme un simple tremplin pour la suite de sa carrière. Ambitieuse, Nathalie Kosciusko-Morizet l’est et elle assume. Lorsque Libération lui a demandé si elle voulait un jour dormir à l'Elysée, NKM a répondu, simplement : "oui, comme tout le monde". "Elle veut se servir de Paris comme d'autres avant elle, elle n'a jamais caché ses velléités par rapport aux primaires au sein de l'UMP ou même à la présidentielle", taclait ainsi Anne Hidalgo sur Radio J.
Quant à la socialiste, elle a Paris dans le sang. C’est du moins ce qu’elle répète à longueur d’interview depuis l’officialisation de sa candidature, beaucoup plus précoce que NKM (4 septembre 2012 contre 14 février). Moins médiatique que sa rivale, elle espère compenser par l’implantation locale. Et assure que, pour elle, Paris est une fin de soi. Les premières phrases de son livre-programme sont en ce sens éloquentes : "J’aurais pu être ministre, on me l’a proposé. Mais mon ambition est ailleurs. Paris se suffit à lui-même."
Leur image de Parisienne, "c'est une subtile alliance d'audace et d'élégance", estime Nathalie Zaouati, qui dirige le Blog The Parisienne. "Et puis surtout, la Parisienne est celle en qui chaque Parisienne se reconnaît", ajoute-t-elle. Et notre bloggeuse n’hésite pas au moment de trancher sur l'identité de celle à qui sied le plus cette définition : "c'est Anne Hidalgo, avec son sourire rayonnant, l'audace de ses tenues bottes de cuir et ses robes aux couleurs chatoyantes".
Jean-Laurent Cassely, auteur de "Paris mode d’emploi", a une vision bien différente de la femme parisienne. Et la candidate qui s’en rapproche le plus, selon lui, est… "Rachida Dati bien sûr, une femme qui porte un legging en cuir pour aller chercher le pain et assume son érotisme", s’amuse-t-il. Quant à nos deux candidates, "NKM a davantage cette image de la parisienne ‘branchouille’, grande bourgeoise, bien élevée et vélib-compatible. Alors qu’Anne Hidalgo a plus le côté gnangnan-écolo-couloirs de bus parisien", métaphore-t-il.
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Qu’en disent les Parisiens. L’élection n’est que dans un an, mais la guerre des sondages a déjà commencé. Une candidate s’imposait nettement au départ : Anne Hidalgo. Dans une enquête OpinionWay pour Le Figaro, parue mi-février, la socialiste l’emportait en effet facilement au second tour face à NKM (55% contre 45%). Mais depuis, l’écart s’est considérablement resserré. Selon un sondage BVA pour Le Parisien, le 31 mars, la socialiste l’emporterait toujours, mais d’une (très) courte tête : 51% contre 49%. Dimanche 8 juin, un sondage Ifop pour le JDD accréditait cette tendance d'un rapprochement entre les deux femmes. Au premier tour, Anne Hidalgo arriverait en tête avec 37% des voix, contre 35% à NKM. Mais elle s'imposerait avec huit points d'avance au second.