Elle est le symbole de la fracture qu’il existe au sein de l’UMP. Nathalie Kosciusko-Morizet s’est abstenue sur le vote du mariage gay et ne défilera pas avec les opposants dimanche prochain, contrairement à la demande officielle de son patron, Jean-François Copé. Elle n’est pas seule, François Fillon, Luc Chatel, Bruno Le Maire ne se joindront pas non plus au cortège. Un clivage entre droite modérée et droite décomplexée que l’ancienne ministre a dit regretter, vendredi matin, sur Europe 1.
"Des méthodes qui viennent du Front National". En début de semaine, Guillaume Peltier (photo), leader de la Droite forte, a marqué les esprits en souhaitant "que ce ne soit pas" Nathalie Kosciusko-Morizet qui soit désignée candidate du parti pour les municipales de 2014 à Paris. Rappelé à l’ordre par son parti, le trentenaire sarkozyste a également dû essuyer le courroux de l’ancienne ministre : "cette méthode qui consiste à pointer du doigt l'un ou l'autre, dans sa famille politique, et à dire : ‘celui-là, c'est celui qu’on ne veut pas’, ce sont des méthodes qui viennent du Front national", a-t-elle asséné, sans jamais citer ce proche de Patrick Buisson et ancien membre du FN. "Quand on change de parti, il faut changer de méthode. On peut changer d'avis, mais il ne s'agit pas d'importer les méthodes des autres".
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"Des tensions existent"à l'UMP. Jean-Pierre Raffarin a mis en garde, jeudi sur France Inter, contre un risque d'éclatement de l'UMP. NKM ne le contredira pas. L’élue de l’Essonne n’a jamais été à l’aise avec la droitisation de l’UMP opérée par Nicolas Sarkozy, et reprise à son compte par Guillaume Peltier. "Cette agressivité-là a entraîné la droite dans la spirale de la défaite pendant dix ans. Derrière les gens qui voudraient ne pas choisir le meilleur candidat pour battre la gauche à Paris, il y a aussi le Front National, ce sont les gens qui ont fait perdre Nicolas Sarkozy en 2012", a estimé l’ancienne porte-parole ddu président sortant pendant sa campagne. Pourtant, si elle reconnaît que "des tensions existent" au sein de son parti, elle se félicite que "depuis le début de la semaine, tout le monde à l'unanimité, sauf ceux qui m'ont attaqué, m'ont soutenu. C'est plutôt un bon signal je crois..."
"J'en appelle à la Préfecture de Police". C’est son abstention sur la loi sur le mariage homosexuel qui a mis le feu au poudre. Depuis, les opposants au texte font feu de tout bois contre elle. Une virulence généralisée sur ce sujet clivant, qui fait craindre le pire pour la manifestation de dimanche. Alors l’ancienne ministre en appelle à la responsabilité de la préfecture. Un moyen discret, aussi, de critiquer l’action de la majorité : "ça fait plusieurs événements dans Paris, qui s'inscrivaient dans le cadre du débat sur le mariage pour tous et aussi d'autres événements, où la Préfecture de Police a été prise en défaut. Et a dit après : 'on n’avait pas bien anticipé, pas mesuré l'ampleur des événements'. Bref, toutes les raisons pour dire : 'ce n'est pas de notre faute'", a-t-elle raillé, avant d’espérer que cette fois, puisque selon elle "il y aura probablement beaucoup de monde", "la Préfecture de Police ne nous dise pas qu'elle ne savait pas, qu'elle n'avait pas anticipé."