Rares sont les observateurs à maîtriser entièrement le fonctionnement du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), tant le parti d’extrême-gauche affectionne la discrétion. Et la dernière volte-face d’une partie des cadres du parti ne risque pas d’arranger la situation : plusieurs dirigeants appellent à voter pour Jean-Luc Mélenchon, pourtant candidat d’une formation politique concurrente, le Front de gauche, taclant ainsi Philippe Poutou, le candidat en titre du NPA.
Éviter "le chemin de la marginalité"
Dans une tribune rédigée dans le quotidien Libération à paraître jeudi, plusieurs membres du conseil politique national du parti estiment que "le NPA avec son candidat prend le chemin de la marginalité, qui lui interdira de peser réellement dans une situation politique aux enjeux majeurs".
Or il faudra "dès après la présidentielle", "former ensemble un bloc contre la crise pour défendre une alternative sociale et démocratique en toute indépendance" du PS. Une partie du NPA en conclut qu’il faut soutenir Jean-Luc Mélenchon dès le premier tour
Le Front de gauche a réussi ce que le NPA souhaitait faire
Ce soutien inattendu en faveur du candidat du Front de gauche traduit le malaise ambiant au sein du NPA, dont l’objectif lors de sa création était de rassembler au-delà de l’ancienne Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR). Or c’est précisément ce qu’est en train de réussir le Front de gauche.
Les signataires de la tribune affirment ainsi que "c'est avec beaucoup d'amertume, mais aussi de colère, que nous voyons notre parti renoncer à l'engagement pris lors de sa fondation : rassembler tous les anticapitalistes dans un parti de masse".
Dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon recueille actuellement entre 10 et 11,5% des intentions de vote quand Philippe Poutou, dans un NPA en crise depuis plusieurs mois, ne dépasse pas 1%.