Le PS ne souhaitait pas polémiquer sur la sortie de Claude Guéant. C'est raté. Mardi, les propos du député PS Serge Letchimy, qui a établi un lien entre les déclarations de Claude Guéant sur les civilisations et le nazisme, ont suscité un tollé à droite.
Le président de la région Martinique a provoqué la levée de la séance et le départ des membres du gouvernement. Une première dans l'histoire de la cinquième République, selon Béatrice Houchard, journaliste au Figaro.
Il faut dire que Serge Letchimy a interpellé le ministre de l'Intérieur avec virulence. "Vous, Monsieur Guéant, vous privilégiez l'ombre, vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration", a lancé l'élu, qui dirige le Parti populaire martiniquais (PPM).
"Des comparaisons qui font honte"
François Fillon n'a pas tardé à réagir en publiant dans la foulée un communiqué. Le Premier ministre a demandé aux responsables de l'opposition de condamner les propos de Serge Letchimy sur Claude Guéant. "Il est des comparaisons qui font honte à ceux qui les professent. La France est une démocratie, un Etat de droit dans lequel la parole libre ne saurait servir à salir même un adversaire politique", souligne-t-il.
Le principal intéressé, Claude Guéant, a accusé Serge Letchimy d'avoir instrumentalisé "la mémoire de la Shoah", jugeant que "la limite de l'inadmissible (avait) été franchie". Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, a quant à lui qualifié d'"inacceptables" ces propos, qui ont, selon lui, provoqué des réactions "légitimes" au sein du gouvernement.
Le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer (UMP), a lui qualifié l'incident de "particulièrement grave" et mis en garde contre la "gravité d'un certain nombre de propos qui peuvent dériver vers des amalgames historiques inappropriés". Des sanctions pourraient ainsi être prises à l'encontre de Serge Letchimy. Bernard Accoyer a annoncé la convocation du bureau de l'Assemblée pour le 22 février, rapporte Le Figaro.
"Provocation indécente"
Le numéro un de l'UMP, Jean-François Copé, a accusé la gauche de "salir la mémoire des millions de victimes du nazisme". "Dans l'indécence et l'insulte, le PS de François Hollande n'a plus aucune limite. Serge Letchimy a en effet comparé la politique de la majorité au 'régime nazi' qui a mené 'aux camps de concentration'. Ces propos sont une honte absolue dans la bouche d'un représentant du peuple français et discréditent profondément celui qui les a tenus", écrit Jean-François Copé dans un communiqué.
La secrétaire d'Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, a pour sa part estimé que "les responsables du Parti socialiste seraient inspirés de condamner rapidement" les propos "inappropriés et insultants" de Serge Letchimy. La ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard a quant à elle condamné mardi les propos "inacceptables" de Serge Letchimy qui sont "de la provocation indécente".
Des excuses demandées
De son côté, le président du groupe des députés UMP, Christian Jacob, a protesté contre les "propos inacceptables" de Serge Letchimy. A la reprise des débats à l'Assemblée, il a d'ailleurs formellement demandé des excuses au député et au président des députés PS, Jean-Marc Ayrault.
Même son de cloche du côté de Christian Estrosi interrogé par Europe 1. Le député-maire de Nice estime que les propos de Serge Letchimy laisseront "des cicatrices béantes" si le PS ne présente pas ses excuses.
François Hollande, candidat PS à la présidentielle, s'est refusé mardi soir sur France 2 à présenter les excuses que lui réclame la majorité après les propos du député PS. "Moi ce que je réprouve, c'est cette polémique inutile", a-t-il déploré.
Sur Twitter, Eric Besson a reproché au PS d'adopter une posture contradictoire. "Si le PS voulait poser une question nuancée à Claude Guéant, fallait pas la donner à Serge Letchimy. #récidiviste. #boomerang", commente le ministre en charge de l'Industrie.