L'INFO. A droite, le problème s'appelle François Fillon. A-t-il tenté, comme l'assure Jean-Pierre Jouyet, de faire accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy ? En attendant d'avoir la réponse à cette question, ils sont plusieurs, dans le camp de l'ancien président, à assimiler l'ancien Premier ministre à un traitre. Nicolas Sarkozy, lui était resté silencieux sur le sujet, drapé dans son costume de "rassembleur de la droite". Un mutisme qu'il a (partiellement) rompu lundi soir, lors de son meeting à Caen.
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Les sarkozystes remontés mais… La stratégie de l'ex-président - du moins pour l'instant - c'est de montrer qu'il n'est pas dans une logique de règlement de comptes. A trois semaines de l'élection à la présidence de l'UMP, pas question de froisser son costume de rassembleur de la droite. Mais dans son entourage, on est persuadé que, d'une façon ou d'une autre, François Fillon a bel et bien tenté d'empêcher le retour de leur champion. Pas question toutefois d'en rajouter et de tomber dans la surenchère. Pour eux, quelle que soit la vérité, l'ancien Premier ministre s'est suicidé politiquement.
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… Sarkozy la joue magnanime. Alors à Caen, Nicolas Sarkozy a éludé très rapidement cette affaire, sans jamais citer une seule fois le nom des protagonistes. "Abattre un concurrent en le salissant, c'est le contraire de l'idéal républicain. Le pouvoir n'a rien d'autre à faire que de donner le sentiment de vouloir instrumentaliser en permanence la justice ? Jusqu'où ira la folie de tout détruire et de tout salir ?", a-t-il lancé sous les applaudissements des militants. Et d'assurer qu'il "ne polémiquerait avec aucun membre de [sa] famille politique, conformément à l'engagement constant qui est le [sien]." Avant de clore ce chapitre et de glorifier une nouvelle fois "la République" - comme il l'avait fait vendredi dernier à Paris -, Nicolas Sarkozy a fait une promesse aux militants venus l'écouter : "Je ne céderai à aucune provocation et j'ai choisi d'ignorer cette marée de boue que l'on voudrait répandre sur la République".
"J'ai de la peine pour Nicolas Sarkozy". Les militants interrogés par Europe 1 en marge du meeting de Nicolas Sarkozy, eux, sont exaspérés et dégoutés de cet énième psychodrame, qui fait suite à la guerre Fillon-Copé et à l'affaire Bygmalion. Mais ils ont choisi leur camp. "Il y a en effet un acharnement contre Nicolas Sarkozy, qui vient de notre camp et du camp adverse. Je suis très en colère contre François Fillon. Il faut qu'il démissionne de l'UMP, comme il l'avait demandé à Jean-François Copé", assure l'un. "J'ai de la peine pour Nicolas Sarkozy de le voir aussi maltraité par ses soi-disant amis", regrette une autre. "Cela relance la guerre des chefs, et il y en a marre", conclut un dernier.
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