Nicolas Sarkozy peut-il encore gagner ?

Présidentielle : Nicolas Sarkozy juge le FN "compatible avec la République"
Présidentielle : Nicolas Sarkozy juge le FN "compatible avec la République" © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
Même sans appel du pied officiel, le président-candidat bien entend parler aux électeurs du FN.

"Le combat continue et tout est ouvert". A l’instar de Jean-François Copé, les ténors de la majorité veulent croire, lundi, que Nicolas Sarkozy a encore toutes les chances de l’emporter au second tour de la présidentielle. Pourtant le candidat UMP, arrivé second à l’issue du 1er tour du scrutin - une situation inédite pour un président sortant -, est largement distancé dans les enquêtes d’opinion par François Hollande, crédité de 53 à 56% des intentions de vote. De là, une question s’impose : en quinze jours, Nicolas Sarkozy peut-il renverser la vapeur ? Et quelle est sa stratégie pour l’emporter ?

Sa méthode, occuper le terrain

"Mathématiquement, au regard des reports de voix, il faut bien avouer que la situation de Nicolas Sarkozy est difficile", explique d’abord à Europe1.fr Jean-Daniel Lévy, directeur du département Opinion d’Harris Interactive.

"Les électeurs de Marine Le Pen ne voteront pas automatiquement pour l’UMP. Seulement 44% se disent prêts à le faire. Même problème avec les électeurs centristes de François Bayrou, dont seul un tiers souhaite voter UMP. En somme, l’équation est, pour lui, difficile", précise le politologue.

Mais qu’importe les sondages, Nicolas Sarkozy veut croire que tout est encore possible. "On entre maintenant dans le temps de vérité, ce n'est pas une seconde mi-temps, c'est un nouveau match", exhorte ainsi son fidèle ami Brice Hortefeux.

Pour rattraper son retard, Nicolas Sarkozy a prévu de recoller à sa stratégie de 2007 : occuper le terrain, parler directement aux électeurs de droite et ceux de la droite de la droite, en faisant au moins un déplacement par jour. Lundi en Touraine, mardi à Longjumeau, la fin de la semaine à Toulon ou en Bourgogne. Le 1er mai, Nicolas Sarkozy organisera également un "très grand rassemblement" à Paris.

L’objectif annoncé est de faire, au minimum une radio et une télé par jour jusqu’au second tour. "Maintenant, il faut débusquer François Hollande de sa planque", résume, dans les colonnes du Figaro, le patron de l’UMP, Jean-François Copé.

Sa stratégie, pas de recentrage  

Côté discours, si certains ténors de l'UMP courtisent François Bayrou, Nicolas Sarkzoy, lui, n’a pas prévu de déplacer le curseur de sa campagne vers le centre, tactique classique de l’entre-deux-tours. Au contraire, il compte garder sa ligne "à droite toute", développant des thèmes susceptibles de s’attirer les faveurs des électeurs du Front national (18% des votants lors du premier tour). "Les électeurs du FN, il va falloir aller les chercher. Il y a un truc jouable", prédit le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, dont les propos ont été rapportés dans le Buzz politique d’Europe 1.

Et d’emblée, dès son discours de la Mutualité dimanche soir, le président-sortant a fait un appel du pied vers ces électeurs frontistes. "Les Français ont exprimé un vote de crise, témoignant de leurs inquiétudes, de leurs souffrances et de leurs angoisses face à ce nouveau monde qui est en train de se dessiner. Ces angoisses, ces souffrances, je les connais. Ces angoisses, ces souffrances, je les comprends. Elles portent sur le respect de nos frontières, la lutte déterminée contre les délocalisations, la maîtrise de l'immigration, la valorisation du travail, la sécurité, pour eux et pour leurs familles", a-t-il ainsi confié à  ses militants, reprenant des thèmes chers au FN : l’immigration, la sécurité, "le vrai travail".

Puis lundi matin, le candidat a plus lourdement insisté, lançant un "Je vous ai entendus" à ces électeurs du FN.

Buisson à la manœuvre

S’il fallait un symbole attestant de la continuité de la ligne "à droite toute", l’omniprésence de Patrick Buisson, conseiller du président, situé à droite de la droite, serait celui-là. Dimanche soir, quelques minutes après l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, le très secret stratège de Nicolas Sarkozy, qui avait prédit les scores de Marine Le Pen, était partout aux côtés du président. Exit la vague centriste ou sociale au second tour, la ligne Buisson sera plus que jamais à l'honneur, témoignent des membres de la majorité. Et de fait, les thèmes de la  sécurité et de l’immigration devraient avoir la part belle dans la campagne de l'entre deux tours. Sur les plateaux télé, les membres de l'UMP ont en tout cas avancé leurs arguments dès l'annonce des premiers résultats.

Enfin pour renverser la vapeur, Nicolas Sarkozy compte sur une (triple) confrontation directe avec François Hollande. Dimanche, le président-sortant a ainsi proposé d’organiser trois débats avant le second tour de la présidentielle, le 6 mai. Habituellement pourtant, les deux finalistes ne se rencontrent qu'une seule fois. François Hollande a aussitôt rejeté cette proposition, estimant qu'il convenait de s'en tenir à un seul duel, "qui durera le temps qu'il faudra". 

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