En 2005, Yannick Noah s’emporte au cours d’une interview au journal 20 minutes et lâche : "si Nicolas Sarkozy passe, je me casse". Deux ans plus tard, en avril 2007, il choisit de soutenir, assez logiquement, Ségolène Royal. Une "évidence", confiait-il alors sur RTL. '"Aider les autres, c'est voter à gauche". Même si, rectifiait-il lors de cette même interview, il n'était plus question pour lui de quitter la France en cas de victoire du candidat UMP. "Il faut résister. Je suis plutôt pour la résistance", justifiait-il.
Malgré la défaite de la candidate socialiste quelques semaines plus tard, le chanteur populaire resta donc bien en France.
Et, pour 2012, le voilà reparti pour un tour. Pour marquer officiellement son soutien à la candidature de François Hollande, il était présent donc dimanche au Bourget pour chauffer les 10.000 supporters présents au meeting du socialiste.
Mais quel sera son réel apport dans la campagne ?
Ce soutien s’est fait assez naturellement, comprend-on, en joignant les responsables socialistes de la campagne. "Le PS l’a sollicité et il a accepté assez rapidement", confirme Pascal Bonnetain, en charge du projet sportif de François Hollande, à Europe1.fr. Une impression confirmée par Yannick Noah lui-même, dimanche lors de son arrivée sur scène. "Bonjour ma famille !", a-t-il lancé, avant de chanter trois ses morceaux les plus connus.
"Noah dépasse le cadre du sport"
Mais est-ce le sportif, le chanteur ou, surtout, la personnalité préférée des Français qui a rallié la candidature de François Hollande ? "C’est un peu tout ça en même temps", estime Pascal Bonnetain qui précise que "Yannick Noah n’est pas venu récupérer un cachet mais bien montrer son propre engagement".
En décembre, l’ancien tennisman avait défrayé la chronique en dénonçant le dopage dans une tribune du Monde. Il avait notamment fait le rapprochement entre l’avalanche de titres espagnols et la fameuse "potion magique". Après ce concert de soutien dimanche au Bourget, peut-on imaginer que le chanteur prenne donc une part importante dans la campagne, dans le domaine sportif par exemple ? Rien de défini pour l'instant. Même si Pascal Bonnetain apporte un début de réponse : le vainqueur de Roland-Garros "dépasse largement le cadre du sport. Ce n’est pas parce qu’il est ancien tennisman et que son fils joue au basket qu’il ne s’intéresse qu’au sport".
"Noah, qu’une pierre dans la campagne"
Pour Jean-Daniel Levy, directeur du département politique chez Harris Interactive, "le message est simple au PS, il s’agit de montrer une dynamique de rassemblement derrière le candidat Hollande. Le candidat socialiste avait deux options pour le meeting du Bourget : ou choisir des personnes pour dire du bien de lui, ou chauffer la salle à l’américaine avec un concert". Le PS n’a visiblement pas trop hésité et voté Noah.
Bien évidemment, avoir la personnalité préférée des Français à ses côtés, ça compte. "Mais pas tant que ça", estime Jean-Daniel Levy. Et de conclure : "son poids n’est pas énorme dans la campagne, ce n’est qu’une pierre parmi d’autres. Ça permet surtout de dire que, dès le premier tour, une frange de la société civile est déjà derrière François Hollande".