Nathalie Kosciusko-Morizet n’est pas une grande fan de la tour Montparnasse, "une catastrophe urbanistique". A tel point que la candidate UMP à la mairie de Paris dit ouvertement réfléchir à sa destruction : "j'ai engagé des discussions avec des experts et certaines parties prenantes concernées par l'avenir de la tour Montparnasse. Je constate qu'ils sont de plus en plus nombreux à vouloir explorer la voie d'une démolition", a-t-elle expliqué. "C’est n’importe quoi !", lui a répondu Anne Hidalgo, sa rivale socialiste, mardi matin sur Europe 1.
>> Europe1.fr vous explique pourquoi une telle destruction est, pour l’heure, inenvisageable.
Les copropriétaires sont contre… Anne Hidalgo s’en étoufferait presque : "comment vous pouvez prôner la destruction d'une tour qui ne vous appartient pas ?" C’est en effet le premier écueil qui se dresse face à NKM : la tour, qui a fêté ses 40 ans en 2013, n’appartient pas à la mairie de Paris, "un rappel utile" s’est ensuite amusée la candidate socialiste. Pour arriver à ses fins, l’ancienne ministre devrait donc convaincre les 300 copropriétaires. "Peut-on mettre d'accord les copropriétaires sur ce projet? Je ne sais pas", s’est-elle ainsi interrogée. Ces derniers ont pourtant d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne voulaient pas en entendre parler…
… et en plus il faudrait les indemniser ! Arguant du droit de propriété qui, en France, "est absolu et constitutionnel", les copropriétaires affirment que pour les déloger, il faudrait invoquer "une décision d’expropriation pour cause d’utilité publique motivée par une raison de fond grave et étayée, et non une préoccupation d’ordre esthétique". Une expropriation qui coûterait cher : "je ne vous dis pas le budget de la ville de Paris qui passerait dans l’indemnisation des propriétaires !", a ainsi lâché Anne Hidalgo sur notre antenne, sans toutefois avancer de chiffres précis.
Le désamiantage coûtera cher… Si on écarte l'hypothèse d'une démolition, l'autre piste, celle du désamiantage, est tout aussi compliquée. En janvier 2014, la région Ile-de-France ordonnait le départ immédiat de ses 200 agents travaillant dans la tour Montparnasse, en raison des risques potentiels de pollution à l'amiante. Des risques confirmés par un rapport d'expertise rendu public, mercredi 29 janvier. Entamée il y a sept ans, l’opération de désamiantage a déjà coûté la bagatelle de 250 millions d’euros et, pour en finir avec l’immeuble de 59 étages, les copropriétaires estiment qu’il faudra au total 800 millions d’euros.
… tout comme le remplacement du bâtiment. Si Nathalie Kosciusko-Morizet n'écarte pas la voie de la démolition, elle n’a en revanche, pour le moment, rien à proposer à la place de l’actuelle tour Montparnasse. Or il faudra bien occuper l’espace à l’heure où Paris manque plus que jamais de logements. En tout cas, ce ne serait "pas un gratte-ciel en tout cas. Je suis opposée à la tour unique, solitaire". Quoiqu’elle décide, la future maire de Paris devrait investir. Avec les frais de désamiantage, de destruction et d’indemnisation, la facture s’annonce pharaonique.