Du capitaine de pédalo au commandant de bord. "François Hollande n'a pas la carrure pour être président", avait prophétisé Claude Guéant en 2011. Pourtant, le "capitaine de pédalo" décrié par Jean-Luc Mélenchon s'est transformé en commandant aguerri capable de tenir fermement la barre après la vague d'attentats qui a frappé la France au début du mois de janvier. Au point de regagner 12 points de popularité dans les by Browser Shop" xhtml:id="_GPLITA_2" >sondages.
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Du Mali aux affaires extraconjugales. Depuis sa prise de fonction, François Hollande s'est illustré à l'international en menant manu militari les interventions françaises au Mali et en Centrafrique. Il s'est aussi distingué lors de "l'affaire Gayet" et ses suites dans la presse people. Sauf qu'un an après, les attentats contre Charlie Hebdo et le supermarché hypercasher ont fait de la France le centre du monde l'espace de quelques jours. Un tournant de son quinquennat.
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La dolce vita italienne. François Hollande peut sans problème se hasarder à franchir les Alpes, il sera bien accueilli côté italien. C'est en tout cas l'avis d'Alberto Toscano, journaliste et écrivain italien basé à Paris : "La perception italienne de François Hollande a presque toujours été bonne, et ce dès le début de son mandat. Mais évidemment, la vague d'attentats a donné un nouvel élan de solidarité."
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Le président de la République avait déjà séduit l’Italie avant les attentats de Charlie. Et pour cause, François Hollande, candidat aux accents anti-austérité très marqués durant la campagne, a séduit des Italiens lassés par les programmes d'austérité européens. "Il a été salué par la presse et l'opinion publique parce qu'on voyait en lui une aide pour l'Italie dans sa lutte contre la politique d'austérité prônée par l'Allemagne au niveau européen", explique Alberto Toscano.
La popularité de François Hollande en Italie est donc structurelle et indépendante de l'émoi provoqué dans le pays par les attentats du mois de janvier. "Il faut dire que les citoyens italiens ont toujours vu François Hollande comme une personne capable d'incarner la figure présidentielle", argumente Alberto Toscano. Rien d'étonnant à cela, puisque, poursuit le journaliste, "pour nous, toute personne qui devient président de la République a une stature du chef d'Etat, ce qui est un peu différent en France je crois…"
Mais l'écrivain tempère : "La sympathie pour François Hollande vient aussi de la défiance ressentie envers son prédécesseur. En 2011, Nicolas Sarkozy s'était moqué ouvertement de Berlusconi lors d'un sommet européen. Le président italien de l'époque, Napolitano, a fait part de sa déception, et cet évènement a vraiment déplu aux Italiens, qu'ils soient favorables ou opposés à Berlusconi."
En Allemagne, "Hollande fait (enfin) du Merkel". Hélène Kohl, correspondante Europe 1 à Berlin, estime que les attaques contre Charlie ont "bien évidemment suscité un immense émoi en Allemagne". Pour autant, "il n’y a pas eu de grand papier insistant sur la métamorphose de François Hollande à l’occasion", explique la journaliste d’Europe 1. Cependant, les médias ont souligné le quasi-sans faute du président français lors des cérémonies d’hommage. Un son de cloche by Browser Shop" xhtml:id="_GPLITA_5" >confirmé par le site internet de ZDF qui parle d’un "nouveau François Hollande" : "celui qui passait pour un "canard boîteux" se révèle", explique le média allemand. Hélène Kohl explique que le "nouveau" François Hollande plaît plus aux Allemands et à la presse, pourtant très critique ces derniers mois envers un président jugé trop mou et pas assez volontaire pour mener les réformes à bien. C’est pourquoi le journal conservateur Welt se félicite que, depuis le mois de janvier, "Hollande fasse du Merkel".
Le "Hollande-bashing" anglais. Plus facile pour François Hollande de franchir les Alpes que de traverser la Manche, tant la presse britannique a pris en grippe le président français. Autant dire que l'élan de solidarité qu'ont provoqué les attaques sanglantes survenues en France a permis à Hollande d'obtenir un regain de popularité. Sophie Pedder, journaliste à The Economist , abonde : "Je pense évidemment que son comportement pendant les attentats lui a donné une aura d'autorité, de gravité et de dignité. Il a réellement incarné la France, peut-être pour la première fois, au sens politique du terme."
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Mais elle nuance en rappelant que "c'est avant tout l'évènement en lui-même qui l'a propulsé sur le devant de la scène, même si son attitude dans ces moments critiques l'a aussi servi". Rien de rassurant néanmoins pour le président français, tant tout a mal commencé entre lui et la Grande-Bretagne. En cause, un chiffre qui a "choqué" outre-Manche, comme l'explique Sophie Pedder: celui de la taxe à 75% qui by Browser Shop" xhtml:id="_GPLITA_3" >devait porter sur les hauts-revenus. "A l'époque, même à gauche, personne n'en revenait", se remémore Sophie Pedder. "En plus, il n'était pas vraiment connu avant d'arriver à l'Elysée, ça lui a donné tout de suite une image négative, que l'affaire Julie Gayet n'a pas arrangé", explique-t-elle.
L'indifférence américaine. Outre-Atlantique, François Hollande est confronté à un autre problème, que souligne Géraldine Woessner, correspondante pour Europe 1 aux Etats-Unis : " Ici, je ne crois pas que l'image de François Hollande ait beaucoup changé depuis les attentats. Bien sûr, il y a eu un élan de solidarité énorme de la part de la population après les attaques. Bien sûr, François Hollande a dignement représenté la France. Mais le fond du problème, c'est que les Américains s'en fichent un peu du personnage François Hollande. Quand ils ont regardé les images de la marche républicaine, l'image de François Hollande était complètement diluée dans celle de la France. En résumé, il a parfaitement assumé ses fonctions, mais il n'en a pas profité pour rattraper son déficit d'image."
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En Chine, l'inconnu total. A évènement mondial, répercussions globales. Les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo ont-ils eu un écho particulier jusqu'en Chine ? Un journaliste chinois indépendant vivant en France explique que François Hollande "n'a pas gagné en crédibilité depuis les attentats". "Les Chinois ont évidemment beaucoup parlé de cet évènement, il y a eu un grand élan de sympathie, mais on n'a pas plus parlé de François Hollande pour autant." Du côté de l'Empire du milieu, son prédécesseur est déjà plus connu. Mais pas vraiment en bien : "Nicolas Sarkozy est plus célèbre, il avait fait parler de lui en tenant des discours critiques vis-à-vis de la tenue des J.O à Pékin en 2008." Inconnu, populaire, contesté ou sans saveur, François Hollande provoque des réactions très diverses d'un pays à l'autre. Mais le plus important pour le président de la République reste de convaincre ses concitoyens. Prochain by Browser Shop" xhtml:id="_GPLITA_4" >rendez-vous jeudi, pour une conférence très attendue.