Le projet d'aéroport, qui a réuni entre 13 et 40.000 manifestants contre lui samedi, divise vivement la gauche.
Quelque 13.500 personnes se trouvaient samedi en début d'après-midi sur le site de Notre-Dames-des-Landes, où était organisée une manifestation contre le projet de nouvel aéroport de Nantes, a indiqué la préfecture de Loire-Atlantique. "Il y a 4.500 personnes dans le cortège et 13.500 si on compte l'ensemble des personnes qui se trouvent dans le secteur", avait estimé une porte-parole. Les organisateurs, eux, assurent avoir réuni 40.000 personnes.
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Le clash entre les socialistes et le reste de la gauche, au sujet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, a encore rebondi samedi, jour d'une manifestation contre le projet. Harlem Désir, le premier secrétaire du PS, s'en est vivement pris à Europe-Écologie-Les Verts (EELV), opposé au projet. "Un parti de la majorité gouvernementale ne devrait pas s'impliquer dans des manifestations qui prennent pour cible le Premier ministre", a prévenu le socialiste, lors du Conseil national de son parti. Et pour cause : les écolos ont récemment intensifié leurs pressions sur Jean-Marc Ayrault, ardent défenseur de l'aéroport, le surnommant même Monsieur "Ayraultport". Plusieurs leaders écologistes s'étaient même rendus dès vendredi matin, sur le site de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, afin de demander à leurs alliés PS au gouvernement de renoncer au projet d'aéroport qui y est prévu.
Toute la gauche ébranlée
• Placé interpelle directement le Premier ministre. "Cet aéroport, c'est celui de Jean-Marc Ayrault. Il y a un moment, quand on est Premier ministre, il faut intégrer la question des finances publiques et l'intérêt général du pays", avait sermonné le chef de file des écologistes au Sénat, Jean-Vincent Placé. Invité sur Europe 1, le 9 novembre, l'élu avait déjà dénoncé "un acharnement incroyable du gouvernement et en particulier du Premier ministre pour construire cet aéroport d'un autre temps".
• Pascal Canfin solidaire du gouvernement mais... Le ministre EELV du Développement, Pascal Canfin, a même fait savoir vendredi soir qu'il aurait manifesté s'il n'était pas membre du gouvernement, dans un entretien à Médiapart. "Oui, j'irais manifester, comme l'ensemble des parlementaires écologistes disponibles. Mais il serait incompréhensible qu'un membre du gouvernement manifeste contre un projet défendu par une partie du gouvernement", a-t-il avancé. De quoi s’attirer les railleries de la droite. "On a même un ministre qui ferait mieux de se taire ou de démissionner", a ainsi taclé samedi sur Europe1 Dominique Bussereau, ancien secrétaire d’État (UMP) aux Transports.
• Mélenchon n'aime ni l'aéroport, ni la méthode du gouvernement. Samedi, présent au milieu des manifestants tout comme Jean-Vincent Placé, le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, en a remis une couche. "Le projet est absurde. Il y a un choix dicté par le nouveau gouvernement, qui est le choix du rapport de force brutal et violent. C'est une lourde erreur", a-t-il dénoncé.
"EELV ne manifeste pas contre Ayrault"
• L'action symbolique. A l'aide de tournevis et de pieds de biche, une importante délégation d'élus EELV - dont Eva Joly, José Bové ou encore Noël Mamère - avaient également ouvert vendredi une des maisons qui avait été condamnée par les autorités sur le site du futur aéroport qui doit ouvrir ses portes en 2017.
• Pascal Durant nuance. Le secrétaire national d'EELV, présent lui aussi au sein de la manifestation de samedi, a toutefois déclaré "ne pas manifester contre Jean-Marc Ayrault, au contraire." "Nous manifestons pour que le gouvernement respecte les engagements de changement qu'il a pris devant les Français et les Françaises, notamment lors de la conférence environnementale où le président et le Premier ministre ont rappelé qu'il fallait faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, qu'il fallait protéger les terres agricoles et la biodiversité", a-t-il expliqué.
"Le petit caillou, dans le pied des écolos"
• Ce qu'en dit Matignon. Dans l'entourage du Premier ministre, on prend soin de rappeler qu'il y a "un consensus très large dans l'Ouest" sur ce projet. "Le petit caillou, il n'est pas dans le pied de ceux qui sont cohérents, il est dans le pied des écologistes qui participent au gouvernement", confie un proche de Jean-Marc Ayrault. "Notre-Dame faisait partie des désaccords dans l'accord de gouvernement", rappelle au Monde une source à Matignon.
• Ce qu'en dit François Hollande. Depuis la Pologne où il est en déplacement, François Hollande a rappelé vendredi que le projet était validé par l'Etat. "Je respecte le droit de manifestation mais, en même temps, il y a aussi la force du droit (et) la primauté de la volonté, non seulement de l’État mais aussi des élus", a souligné le président.