La formulation de l’accord passé entre Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti socialiste n’en finit pas de créer des remous. Après l’embarrassante confusion sur le MOX, qui a viré au psychodrame pendant 48 heures, c’est désormais un passage sur la place de la France au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, et son droit de veto, qui suscite de vives polémiques entre les partenaires de la gauche.
Le paragraphe incriminé stipule qu'en cas de victoire de la gauche, "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global : siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de sécurité, renforcement du rôle des ONG". Et c’est particulièrement sur le droit de veto, dont la France jouit avec quatre autres nations seulement (Russie, Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne) que la tension est perceptible.
"Un privilège dépassé"
A tel point qu’il a nécessité une explication de texte de la part de Pierre Moscovici. "Il n'est pas question de remettre en cause le statut de membre permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU, ni le droit de veto tant que le système international n'a pas profondément changé et évolué", a précisé le directeur de campagne de François Hollande. Avant d’admettre cependant que "dans un monde idéal, il serait souhaitable qu'on revienne aux idéaux des fondateurs de l'ONU et à une plus grande démocratie". De ce fait, rien d'anormal à vouloir, "avec les Verts, poursuivre des idéaux et souhaiter des changements de long terme", a-t-il assuré, insistant bien sur le "long terme".
Du côté des écologistes, la position est plus tranchée. Eva Joly a fustigé dans le droit de veto "un privilège dépassé, réservé à quelques pays". La candidate écologiste a proposé "une réforme fondamentale de l'ONU qui redonne toute sa place au multilatéralisme avec un siège européen au Conseil de sécurité qui permette à tous les pays européens de porter une politique étrangère commune". Cécile Duflot, de son côté, a qualifié d'"anachronique" le droit de veto de la France. "Que d’ailleurs elle n’ose plus utiliser", a estimé la secrétaire nationale du parti écologiste.
Dulfot "dans la catégorie des anti-France"
La droite ne s’est pas fait prier pour jeter de l’huile sur le feu. Dès mercredi, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait accusé le candidat socialiste François Hollande d'"organiser l'abaissement de la France". Vendredi, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, lui a "solennellement" demandé de "sortir de l'ambiguïté". Le député UMP Jacques Myard, l'un des chefs de file de la Droite populaire, a accusé Cécile Duflot de se ranger "dans la catégorie des anti-France" et "les alliés de M. Hollande" de faire "preuve de l'utopie la plus irresponsable".
Et même à gauche, le projet est décrié. Jean-Pierre Chevènement s'en est ainsi vivement inquiété, alors que le Parti communiste a rappelé qu'il "s'opposait fermement à l'idée d'un abandon unilatéral par la France de son siège de membre permanent du Conseil de sécurité" de l'ONU, "au profit de l'Union européenne". Le tout en plaidant quand même pour "une réforme d'ensemble de l'ONU".