"Jean-Marie Le Pen semble être entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique". Une phrase de la fille pour "tuer le père" après ses récents dérapages et un premier conflit ouvert entre Marine et Jean-Marie Le Pen secoue le FN ces dernières semaines. En se prononçant contre la candidature de son père aux élections régionales en PACA, Marine Le Pen a pris le chemin d'une rupture inédite dans le parti. Pour autant, ces dissensions peuvent-elles elles fragiliser le FN ? Non, estime jeudi sur Europe 1 Olivier Duhamel, éditorialiste politique
Marine Le Pen "consternée mais dans le beau rôle". "On est en train de vivre une histoire absolument extraordinaire et inimaginable et que l'on aurait trouvé excessive, même dans une série télé. C'est une histoire que l'on n'a jamais vue dans la vie politique", analyse Olivier Duhamel, expliquant ainsi l'écho trouvé par ce conflit. Mais n'est-on pas ici dans une stratégie arrangée entre le père et la fille afin que le FN fasse (enfin) sa mue ? "Ce n'est pas une répartition des rôles organisée. Marine Le Pen ne s'est pas mise d'accord avec Jean-Marie Le Pen", écarte l’éditorialiste.
"Je pense que, quelque part, elle est consternée, mais que cela l'arrange profondément d'autre part. Marine Le Pen est consternée parce que c'est quand même son père et qu'il y va très fort. Elle va être obligée de prendre des mesures sévères contre lui. Elle est prête à aller jusqu'à l'exclusion et peut-être qu'elle le fera avant (les régionales). Donc, c'est rude", commente-t-il. "Et en même temps, ça l'arrange car cela la met elle dans le beau rôle. Elle, est irréprochable. Elle, n'est pas raciste. Elle, n'est pas antisémite. Elle est vraiment propre sur elle", poursuit Olivier Duhamel.
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Duhamel : "Jean-Marie Le Pen incarne un vieux...par Europe1frLe Front National peut-il payer le prix de cette rupture ? Le FN peut-il se trouver en rupture avec sa figure historique sans en payer les conséquences dans les urnes ? "Cela ne fait pas tant de vagues au Front National", estime Olivier Duhamel." Il n'y a qu'une seule voix qui a un peu défendu Jean-Marie Le Pen : c'est Bruno Gollnish. Des reportages, même dans la région PACA, montrent que des élus a priori proches de Jean-Marie Le Pen sont consternés et collent à la ligne de Marine. D'abord parce que l'on va là où va le vent. Et ensuite, parce que probablement une partie d'entre eux ne partagent pas les excès de Jean-Marie Le Pen".
D'autre part, si l'image sulfureuse de Jean-Marie Le Pen pouvait encore rebuter certains électeurs issus de la droite dite traditionnelle, cette rupture pourrait enfin les inciter à franchir le rubicon de l'extrême-droite. "Imaginez des électeurs UMP sensibles au discours du Front National, mais considérant qu'il reste dans ce parti de l'antisémitisme totalement inacceptable et que quelque chose les arrête au moment de voter. Si le FN est purgé de ses dérapages, il a va peut-être perdre 2 à 3% d'électeurs d'extrême-droite fasciste ou 'fascistoïde', mais vous allez en gagner sur votre gauche", analyse-t-il. "Jean-Marie Le Pen incarne un vieux parti d'extrême droite néo-fasciste. Marine Le Pen va pouvoir incarner un parti débarrassé de cela, un nouveau parti : populiste, xénophobe postmoderne, mais pas fasciste ancien style". Deux partis, donc, et surement un de trop.