Ça peut paraître tôt à un an et demi de l'élection présidentielle mais Pascal Perrineau l'affirme : la campagne pour 2012 a déjà commencé. Alors que le gouvernement peine à sortir de l'affaire Woerth-Bettencourt et que sa politique de reconduite des Romssuscite de nombreuses critiques, tandis que les tenors du Parti socialiste se jaugent lors de l'université d'été, le directeur du CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences Po, décrypte la rentrée politique pour Europe 1.
Même schéma qu'en 2007
"Ça n'est pas tellement étonnant", explique Pascal Perrineau, qui dresse un parallèle avec l'élection de 2007. "Dès l'automne 2005, on était déjà entrés en campagne. Il y avait une question de casting au Parti Socialiste, on y est toujours. Il y avait une concurrence dans l'opinion entre, à l'époque Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, on y retourne quelque peu." A un peu plus d'un an et demi de l'élection, il est temps de se poser les questions du casting et des axes de programmes, dit-il.
Dans les sondages d'opinion, Nicolas Sarkozy semble avoir enrayé sa descente aux enfers, note Pascal Perrineau. Le président gagnait ainsi 2 point de popularité selon le dernier baromètre mensuel IFOP. Après un été "difficile", la majorité "a eu un mal fou à sortir, après une année quelque peu calamiteuse, de l'affaire Woerth-Bettencourt". Le président s'en est tiré "en promouvant le thème de l'insécurité" auprès du "peuple de droite", dont font partie d'anciens ou d'actuels électeurs du Front national, explique le politologue.
"On ne gagne pas avec l'insécurité"
Mais ce n'est pas forcément la bonne stratégie, analyse Pascal Perrineau. "On ne gagne pas une élection présidentielle, surtout dans un contexte de crise économique et financière, sur l'insécurité. Pour les Français, les préoccupations c'est l'avenir du système social, la hausse de leur pouvoir d'achat et la baisse du chômage", explique-t-il sur Europe 1.
Du côté du Parti Socialiste, Ségolène Royal a encore une chance d'être candidate, estime Pascal Perrineau. Dans un livre, la présidente de Poitou-Charente laisse la porte ouverte : "Moi, je n'ai rien décidé. Je ne sais pas si je serai candidate. Ce qui ne veut pas dire que je ne serai pas candidate". "Ségolène Royal est une étoile de popularité déclinante mais son destin dépendra beaucoup des positions prises par ses petits camarades", analyse le directeur du CEVIPOF.
Les "petites forces" pas négligeables
Les "petites forces" ne sont pas négligeables, ajoute Pascal Perrineau, car "les Français ont une certaine usure par rapport aux grandes forces. La gauche de la gauche ou les Verts peuvent constituer un recours et dans l'espace des droites, le Front national ou un candidat comme Dominique de Villepin ou François Bayrou."
Regardez l'intégralité de l'interview de Pascal Perrineau au micro de Marc-Olivier Fogiel.