Selon qu’on soit de gauche ou de droite, on n’a pas forcément vu le même meeting, dimanche à Villepinte. Les partisans de Nicolas Sarkozy, qui jouait en Seine-Saint-Denis l’une de ses dernières cartes, veulent y voir un souffle nouveau, une grande réussite, quand ses opposants fustigent un manque de proposition et un "événement raté", selon l’expression de Harlem Désir, le numéro deux du Parti socialiste.
"Obsessions"
"Il n’y a eu aucune proposition qui correspondent vraiment aux priorités pour les Français aujourd’hui", a développé le député européen sur Europe 1. "Rien sur le pouvoir d’achat, sur l’emploi, sur l’éducation, sur le logement. C’était davantage une opération de sauvetage pour un candidat en perdition qu’un discours qui portait une réelle vision pour la France", a-t-il poursuivi. Harlem Désir a aussi estimé que "les Français ne supportent plus cette façon de dire que c’est la faute des autres".
Benoît Hamon, de son côté, a insisté sur les "obsessions de Nicolas Sarkozy. "Il veut aujourd’hui faire de l’immigration le leitmotiv de sa campagne pour faire concurrence à Marine Le Pen", a estimé le porte-parole du PS sur Europe 1. "Et le fait d’annoncer que la France allait sortir de Schengen, de remettre en cause la libre circulation à l’intérieur de l’Union européenne, c’est à nouveau l’immigré bouc émissaire que Nicolas Sarkozy veut poursuivre."
"Un coup de poignard dans le dos de l’Europe"
Eva Joly retenait elle aussi cette proposition de réviser Schengen. "Dans son viseur, le candidat de l'UMP, qui court après Marine Le Pen, a cette fois-ci choisi d'aligner l'Europe", écrit la candidate d’Europe Ecologie dans un communiqué. "Alors qu'il était resté quasi muet sur cette question depuis son entrée en campagne, quand Nicolas Sarkozy aborde enfin ce thème, c'est implicitement pour prétendre protéger l'Europe des barbares en lançant un ultimatum pour faire table rase des accords de Schengen. Cette proposition est un coup de poignard dans le dos de l'Europe, qu'il a choisi de sacrifier sur l'autel de la campagne", a asséné la députée européenne.
François Bayrou s’est montré plus mesuré, mais a tout de même dénoncé une mesure relevant du "pur fantasme". "Qu'est-ce que ça veut dire concrètement sortir de Schengen? Cela veut dire remettre les barrières et les douaniers (...) Est-ce que vous y croyez? Est-ce qu'il y a quelqu'un d'assez censé dans le pays pour croire qu'on va réembaucher des douaniers et reconstruire les postes frontières (...)?", a interrogé le candidat centriste. Pour le reste, le quatrième homme des sondages a vu "le même discours qu’il y a cinq ans."
"La meilleure réponse au microcosme parisien"
Changement de bord, et changement radical de ton. Eric Ciotti, député UMP, estime ainsi dans un communiqué que "le meeting de Nicolas Sarkozy a été incontestablement un formidable succès populaire". Christian Estrosi a lui assisté à une "manifestation inédite par l'ampleur de la mobilisation qui est la meilleure réponse au microcosme parisien qui affirme que l'élection est déjà jouée."